Le Journal de Montreal

Identité et immigratio­n

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Le jusqu’au bouttisme du débat sur l’identité et l’immigratio­n laisse peu d’espace à ces Québécois qui, comme moi, veulent protéger leur culture ET vivre dans une société moderne et multiethni­que.

Depuis quand être nationalis­te exige de s’enfermer dans une identité figée, au milieu d’un enclos dans le fin fond des bois, loin de toute influence étrangère ? Au contraire, aimer la nation à laquelle on appartient, par choix ou par destinée, donne envie de partager ses richesses, sa langue, ses coutumes, ses artistes, son histoire.

Si nous croyons notre identité et notre culture menacées par l’arrivée de 50 000 immigrants par année, c’est que nous n’y tenons pas assez.

Si nous voulons que les nouveaux arrivants s’intègrent, il faudrait peut-être arrêter de leur taper sur la tête. Et leur donner le temps de se joindre au grand « nous ». On ne passe pas d’Algérien à Québécois en six mois.

LE MEILLEUR DES DEUX MONDES

Je ne voudrais pas vivre dans une société où tout le monde s’appelle Tremblay ou Gagnon. Quel ennui. De plus, le Québec n’a jamais été une société 100 % blanche et chrétienne. Les premiers Juifs sont arrivés il y a 250 ans. Le XIXe siècle a été marqué par l’immigratio­n massive d’Irlandais et d’Écossais. Au XXe siècle, la Terre entière s’est pointée au Québec : Ukrainiens, Polonais, Chinois, Allemands, Chiliens, Vietnamien­s, Haïtiens, Maghrébins, Français, Indiens et j’en passe.

La plupart ont trouvé le chemin qui mène à l’intégratio­n, parfois avec difficulté. L’expérience immigrante est difficile partout, pour tous.

Quand je suis partie vivre en Angleterre en 1975, tous les emplois que je postulais allaient à des British de souche. Peut-être était-ce mon nom français ?

Immigratio­n et identité font bon ménage à deux conditions : que l’immigrant s’ouvre à nous et que nous fassions la même chose, ancrés solidement dans notre identité.

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LISE RAVARY

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