Le Journal de Montreal

Un gros test pour la clientèle

- MARC marc.defoy@quebecorme­dia.com DE FOY

Le camp d’entraîneme­nt d’une équipe sportive est censé semer l’espoir chez ses partisans. Or, on ne ressent pas cet optimisme chez les adeptes du Canadien jusqu’ici cette année. À moins d’être un fan fini pour qui le Tricolore est la plus belle chose sur terre.

Les modérés diront qu’il ne faut pas paniquer avec la fiche de l’équipe dans les matchs préparatoi­res.

Un instant ! La victoire se voulait une formalité, hier soir, à Québec. Les Leafs jouaient sans Auston Matthews, Mitch Marner, William Nylander et quelques autres têtes d’affiche.

La formation plus expériment­ée du Canadien a été dominée par une jeune équipe moins talentueus­e mais plus affamée. Résultat : sixième défaite en autant de matchs. Il y a de quoi être perplexe.

Les consommate­urs à qui on demande de débourser les tarifs en vigueur durant la saison régulière pour assister à ces rencontres que l’on dit futiles méritent mieux.

Certes, on peut toujours rester à la maison puisque la télévision présente aussi ces matchs. On n’a qu’à peser sur la télécomman­de lorsqu’on n’en peut plus et le tour est joué ! On attend au prochain match pour voir si le Canadien nous offrira une bonne performanc­e.

CHANCE AU COUREUR

Ce rituel se poursuivra avec le début de la saison, la semaine prochaine. Ne dit-on pas qu’il faut donner la chance au coureur ?

On se réjouira si la troupe dirigée par Claude Julien connaît du succès. Mais qu’arrivera-t-il si, au contraire, l’équipe piétine ?

On en a eu un aperçu quand elle a raté les séries, il y a deux ans. Le Centre Bell continuait d’afficher complet, mais on pouvait voir de grands espaces vides dans les sections les plus dispendieu­ses. Les abonnés de saison ne parvenaien­t même pas à donner leurs billets.

Geoff Molson l’avait très bien remarqué. Lors d’une conversati­on que j’avais eue avec lui, en novembre dernier, il avait dit qu’il ne fallait jamais tenir sa clientèle pour acquise.

On l’a vu lorsque l’équipe a connu la pire période de son histoire, dans les temps modernes, au tournant de l’an 2000. Les galeries étaient vides au trois quarts et les foules s’élevaient entre 16 000 et 18 000 spectateur­s. Les abonnés qui avaient connu les belles années au Forum ont quitté peu à peu. Il fallait bâtir une nouvelle clientèle pour remplir ce monstre de plus de 21 200 sièges.

L’EXPÉRIENCE CLIENT

Quand George Gillett s’est porté acquéreur de 80 pour cent des actions de l’équipe, son équipe de marketing distribuai­t des billets gratuiteme­nt dans les écoles. La clientèle s’est rajeunie au fil des années, et depuis janvier 2003, tous les billets sont vendus à chaque match.

Une soirée à une rencontre du Canadien est devenue un happening. Comme partout ailleurs en Amérique et dans tout sport profession­nel majeur nord-américain, l’organisati­on du Tricolore offre un vaste éventail d’activités aux amateurs. Ça s’appelle l’expérience client.

C’est comme si le produit principal était secondaire.

Mais une question se pose : pendant combien de temps encore la jeune génération de partisans va continuer à remplir le Centre Bell sans que le Canadien ne montre qu’il peut aspirer aux grands honneurs ?

La réponse pourrait venir cette saison si la tendance amorcée il y a deux ans se maintient. Quand une équipe ne dispute qu’une ronde des séries en deux ans et qu’elle ne montre pas de signes d’améliorati­on à l’approche d’une nouvelle campagne, on ne peut certaineme­nt pas dire qu’elle est en bonne position pour aller loin dans les séries.

La fenêtre d’opportunit­é est fermée à double tour.

PRICE NE PEUT TOUT FAIRE

On entend un peu partout que tout reposera encore une fois sur les épaules de Carey Price. Mais comment peut-on faire cette affirmatio­n alors que la défense paraît suspecte et que l’attaque est encore défaillant­e ?

Price ne pourra mener les siens en séries à lui seul. Il ne sera pas seul à devoir supporter une pression accablante. Les attentes à l’endroit de Jonathan Drouin seront énormes. Le petit gars de Sainte-Agathe ne semble pas craindre la pression, mais le test qu’il s’apprête à vivre sera le plus gros qu’il aura à affronter dans sa jeune carrière.

Derrière son personnage qui prône la confiance, Geoff Molson doit savoir que la saison risque fort d’être périlleuse. Pour la première fois depuis qu’il assume les destinées du Canadien, l’inquiétude doit le tenailler.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Le Canadien a encore une bonne base de fidèles partisans, mais endureront-ils encore longtemps une équipe qui semble s’éloigner d’une conquête de la coupe Stanley, plutôt que de s’en rapprocher ?
PHOTO D’ARCHIVES Le Canadien a encore une bonne base de fidèles partisans, mais endureront-ils encore longtemps une équipe qui semble s’éloigner d’une conquête de la coupe Stanley, plutôt que de s’en rapprocher ?
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