Les apiculteurs pressent Québec à sévir
La Fédération des apiculteurs du Québec (FAQ) presse Québec d’imposer une réduction de l’utilisation des pesticides en milieu agricole afin de protéger les abeilles et leur miel.
En juillet, Québec a proposé d’interdire l’application de cinq pesticides, dont trois néonicotinoïdes, que ce soit par épandage ou en enrobage des semences, sauf si leur usage est justifié par un agronome.
« La fédération a reçu très favorablement la nouvelle. On veut maintenant que les règlements proposés soient appliqués à la lettre », indique le vice-président de la Fédération Christian Macle.
M. Macle, qui s’est entretenu avec le ministre de l’Environnement David Heurtel hier, pointe le lobby des producteurs de grains, qui tentent de convaincre Québec de reculer.
PRODUCTEURS DE GRAINS
Accusant Québec d’« improvisation » dans ce dossier, le regroupement estime que « le projet de réglementation est soutenu par des bases scientifiques trop faibles » et que « ses impacts économiques ont été largement sous-évalués ».
Les producteurs de grains sont « des entrepreneurs qui doivent s’assurer de maintenir leur compétitivité et conséquemment leur pérennité et celle des régions », lance Christian Overbeek, président de l’organisation.
« Ils nient la science, déplore M. Macle. Ils réfutent que l’utilisation même de ces produits puisse être dangereuse pour la santé des abeilles, la santé humaine et la santé des animaux. »
CULTIVER SANS PESTICIDES
Le Dr Jean-Marc Bonmatin, qui dirige un groupe international de 60 scientifiques qui étudie les pesticides néonicotinoïdes, souligne qu’il y a un consensus scientifique face aux néonicotinoïdes.
« C’est la base de toute la vie sur Terre qui est menacée », dit le chercheur du Centre national de la recherche scientifique, en France.
Le chercheur indique que l’agriculture sans pesticide est possible et rentable. C’est le cas en Italie ou plusieurs régions agricoles ont banni ces produits. Les agriculteurs les ont remplacés par une assurance collective pour se protéger des attaques de ravageurs.
On dénombrait 55 427 ruches au Québec en 2015, contre 700 000 au Canada. Le quart de la production de miel du Québec comble la demande provinciale.