Le tueur du Maxi a-t-il simulé la folie ?
La Couronne soulève la possibilité que l’accusé avait bel et bien l’intention de tuer sa victime en s’y rendant
Le jeune homme qui a tué l’employée d’un Maxi pourrait très bien simuler les troubles mentaux afin d’échapper à une condamnation pour meurtre, a laissé entendre la Couronne hier.
« Dans la version qu’il livre, vous devez évaluer si vous le croyez réellement ou s’il simule », a lancé Me Catherine Perreault, de la Couronne, à une experte-psychiatre qui témoignait au procès de Randy Tshilumba.
Selon deux experts, l’accusé de 21 ans souffrait de troubles mentaux lorsqu’il a tué de 14 coups de couteau Clémence Beaulieu-Patry, le 10 avril 2016, dans l’allée d’un supermarché de la rue Papineau, à Montréal.
SCHIZOPHRÉNIE
Selon la Dre France Proulx, Tshilumba souffrait alors de schizophrénie, et il était incapable de différencier le bien du mal au moment du crime.
L’accusé croyait que sa victime, qu’il connaissait de vue, faisait partie d’un complot pour le tuer et qu’elle allait s’en prendre à lui au Maxi. Il s’est donc défendu, selon la version livrée au tribunal.
En contre-interrogatoire, la psychiatre a toutefois dû défendre son diagnostic attaqué par la poursuite.
« Les gens peuvent simuler [une maladie mentale] pour toutes sortes de raisons, et on se pose la question systématiquement », a assuré France Proulx.
Sauf qu’en concluant à la non-responsabilité criminelle, la psychiatre n’a pas tenu compte de plusieurs détails importants, selon la poursuite.
Par exemple, Tshilumba avait apporté des vêtements de rechange lorsqu’il s’était présenté au Maxi le soir du drame. L’accusé s’était justifié en affirmant que, ce soir-là, il hésitait entre aller au Maxi, au gym ou à l’hôpital pour soigner un problème de constipation. Or, il n’avait pas apporté de sous-vêtements de rechange.
Tshilumba avait également enfilé des gants avant de tuer sa victime, ce que la psychiatre ignorait. Après avoir pris la fuite, l’accusé a effectué des recherches sur internet pour savoir comment se débarrasser du couteau de chasse ayant servi au crime.
« Peut-être que l’accusé sait ce qu’il fait et que la décision [de tuer Clémence Beaulieu-Patry] était consciente ? » a demandé la Couronne à l’experte.
Cette dernière a répondu que les suggestions de la Couronne sont des hypothèses.
« Mes informations ne vont pas dans ce senslà », a répondu la Dre Proulx qui a maintenu son diagnostic tout en affirmant n’avoir pas « pris pour du cash » la version de Tshilumba.
Mercredi : La Dre France Proulx a livré les conclusions de son évaluation sur Randy Tshilumba. Vendredi : Le contre-interrogatoire de la psychiatre se poursuit.