Un pharmacien de Montréal pourrait être radié 10 ans
Il a fait de fausses réclamations et refusé de passer un test de dépistage de drogues
Un pharmacien montréalais reconnu coupable de 108 chefs d’infractions pourrait être radié 10 ans par son ordre professionnel, notamment pour des réclamations illégales et de fausses inscriptions dans des dossiers de patients.
Vu la gravité des faits reprochés, le pharmacien Spyridon Koutsouris est radié de façon provisoire depuis décembre dernier pour protéger le public. Il a plaidé coupable mardi à 25 chefs d’infractions de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) et a été reconnu coupable de 83 autres chefs, survenus entre 2007 et 2016.
Les deux parties ont recommandé une radiation totale de 10 ans, en soustrayant le temps écoulé depuis la radiation provisoire, ainsi qu’une amende de 25 000 $.
FAUSSE FACTURATION
La majorité des reproches concerne de la fausse facturation à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), soit des prescriptions factices réclamées (voir encadré). Selon le syndic, les médicaments visés étaient dispendieux.
Par ailleurs, M. Koutsouris inscrivait de fausses prescriptions dans les dossiers médicaux des patients. Un stratagème dangereux, selon le syndic.
« Ça pose un risque sérieux pour la santé, ça peut mettre en péril la vie d’un patient qui se ferait prescrire un médicament […] qui ne correspond pas du tout à (sa) réalité », a dit Pierre-Marc Déziel, syndic de l’OPQ.
L’enquête de l’Ordre a débuté en 2014, après une lettre reçue de la RAMQ. Un écart de plus de 2,6 millions $ en facturation non conforme avait été colligé, entre 2011 et 2013.
LA RAMQ REMBOURSÉE
En 2015, M. Koutsouris a accepté de rembourser 2,37 M$ à la Régie. En 2016, la RAMQ a pris une hypothèque légale de plus de 700 000 $ sur son luxueux condo du Vieux-Montréal, qui est toujours en vigueur.
L’avocate du pharmacien a confirmé mardi qu’elle fera parvenir d’ici 10 jours un document de quittance prouvant le remboursement à la RAMQ.
Par ailleurs, M. Koutsouris a été reconnu coupable de 20 chefs d’entrave à l’enquête du syndic. En novembre 2016, il a refusé de se présenter à un test de détection des drogues pour lequel il s’était engagé.
« On avait reçu des informations crédibles voulant que M. Koutsouris avait un potentiel problème de consommation de drogues de rue », a rappelé Pierre-Marc Déziel.
M. Koutsouris a aussi versé des avantages à des employés de la pharmacie, en ne leur facturant pas le coût de la franchise des prescriptions. En contrepartie, le pharmacien gonflait les réclamations à l’assureur privé.
« Ça faisait partie de leurs avantages sociaux », a dit M. Déziel.
Pharmacien depuis 1995, M. Koutsouris n’a pas témoigné, hier. Il n’en est pas à ses premiers démêlés avec l’OPQ. En 2011, il a payé 4000 $ d’amendes après avoir utilisé un langage excessif auprès d’un employé d’une compagnie d’assurance.
Le Conseil de discipline a pris la cause en délibéré.