Contribuer, c’est bon pour le moral
Ce n’est jamais une partie de plaisir de payer les taxes sur nos achats et des impôts sur nos revenus. Pourtant, d’une part, il semble que ça nous fait un petit velours lorsque notre participation est requise, d’autre part, il serait nocif (et contagieux)
Assurer des charges
publiques. Les taxes et les impôts sont des sommes que les États prélèvent (normalement) sur les revenus et profits des individus et des entreprises dans le but d’assurer des charges publiques comme les routes, les hôpitaux, les écoles, la culture, etc. Autrement dit, il est très ennuyeux de se départir d’une part de son argent pour le donner à l’État, mais si on ne le faisait pas, ce serait le chaos.
Redistribution. Dans un article traitant de la nécessité de faire sa part fiscale, le psychiatre français Christophe André relate quelques recherches. Exemple : on réunit des gens, on remet à chacun un même montant d’argent, on dépose un pot au centre du groupe, on invite les participants à partager une part de la somme qu’ils possèdent pour des projets communs. Ce qui se produit est que la plupart des gens contribuent au pot, mais qu’environ 20 % du groupe, ceux qu’on appelle les « free riders » (qu’on pourrait nommer tricheurs) choisissent rapidement de ne rien donner tout en s’invitant à la redistribution. Ils calculent qu’ils en obtiendront davantage. Remarquez qu’il ne s’agit pas de gens dans le besoin, mais bien de profits à tirer.
La démotivation et
la contagion. Il reste 80 % de participants. De ceux-là, environ 20 % des gens vont continuer de payer leur dû ou de participer à l’effort social quoi qu’il arrive, ce sont les irréductibles, les intègres. L’autre groupe, le 60 % restant, va peu à peu réaliser l’arnaque des « free riders » et commencer à se sentir démotivé. Ce 60 % (nous, les moutons) se dirait : « je n’ai plus à bien me tenir pour faire bonne figure », « je n’ai pas envie d’être le dindon de la farce », « je ne suis pas plus bête qu’un autre ». Il y a donc contagion du comportement des « free riders » vers celui des moutons.
Des coopérateurs
conditionnels. Nous serions, pour la plupart d’entre nous, des « coopérateurs conditionnels ». C’est-à-dire que nous sommes prêts à coopérer tant que les autres le font aussi. D’ailleurs, notre participation générale à tout (pensons à notre emploi ou à la vie de famille) est directement reliée à la participation des autres. Si les autres roulent vite, j’accélère, si tout est calme, je reste calme. S’il lave la vaisselle, je lave le plancher ! On se copie les uns les autres, on est des animaux sociaux.
La punition. En éducation et en société existe aussi la punition. Tu roules trop vite, tu pourrais avoir une contravention, tu ne paies pas tes impôts, tu vas finir par les payer avec des intérêts en plus. L’effet des punitions est dissuasif, mais on n’en a pas nécessairement besoin. Pour la plupart, on conduit à une vitesse normale, on fait ce qui doit être fait. On s’acclimate aux exigences.
Le petit velours. Selon une recherche italienne faite auprès de 2000 foyers, plus notre « tax morale » (ou morale des impôts) est élevée, plus on serait heureux. On a même vu, dans une autre recherche, qu’une participation imposée à l’effort social activait le circuit de la récompense dans le cerveau. On remettait un montant d’argent à des participantes, puis on exigeait qu’elles en redistribuent une part à un organisme de charité. Résultat : leurs cerveaux s’illuminaient, elles ressentaient cela comme le plaisir d’une récompense.
Les mêmes règles pour
tous. Il existe quelque chose qui peut miner la confiance et la solidarité des gens, ce sont les injustices. On a fait une expérience avec des singes. Deux singes réussissaient un bon coup quelconque. À l’un d’eux, on donnait un légume, à l’autre, une bonne gâterie. Résultat : rapidement, celui qui recevait un légume le lançait à la figure du testeur. Comme quoi personne n’aime se faire traiter injustement.