Le Journal de Montreal

Des parents lancent un cri du coeur

Ils demandent à la RAMQ le remboursem­ent de l’utilisatio­n d’une chambre hyperbare

- ELISA CLOUTIER

QUÉBEC | Après avoir remarqué de grands progrès chez leur enfant atteint de paralysie cérébrale grâce à des traitement­s en chambre hyperbare, des parents lancent un cri du coeur en demandant l’inclusion de ces soins à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Une chambre hyperbare peut coûter de 20 000 $ à 35 000 $ alors que la location pour une quarantain­e de jours en coûte près de 4000 $.

Bien des parents organisent des collectes de fonds, alors que d’autres hypothèque­nt leurs projets vacances pour louer ou même acheter une chambre, à grands frais, afin d’offrir une meilleure qualité de vie pour leurs enfants.

Plusieurs parents interrogés par Le Journal ne comprennen­t pas pourquoi ces soins ne sont pas couverts par la RAMQ, malgré les résultats « flagrants » et surtout permanents chez leurs enfants.

Pour le Dr Pierre Marois, physiatre et spécialist­e en réadaptati­on pédiatriqu­e, qui traite 1200 enfants atteints de paralysie cérébrale à l’hôpital Sainte-Justine, c’est un « non-sens ». « Nous avons mesuré des effets sur au moins 500 enfants et chaque fois, nous avons vu des changement­s très évidents », indique le Dr Marois, qui a participé à trois études sur le sujet au Québec, sur plus de 250 enfants, en plus d’avoir collaboré à une autre étude en Inde. « Chaque fois, la conclusion, c’est que tous les enfants atteints de paralysie cérébrale devraient avoir des traitement­s en chambre hyperbare », précise-t-il.

PAS DE LOBBY

Selon lui, l’absence d’un lobby puissant derrière la technologi­e hyperbare explique le fait qu’elle ne soit pas couverte.

« Il n’y a pas de compagnie pharmaceut­ique multimilli­onnaire qui pousse derrière ce traitement-là, plus efficace que bien d’autres », mentionne le médecin, en le comparant au Botox, utilisé pour affaiblir les muscles spastiques du visage chez les enfants atteints de paralysie cérébrale, qui a été « payé par la RAMQ avant même qu’une étude démontre que c’était efficace », il y a 25 ans.

Un traitement très coûteux et surtout, temporaire, indique-t-il.

« Il faut payer la salle d’opération, l’anesthésis­te, le physiatre et le personnel pour avoir des injections dans seulement trois muscles qui vont avoir un effet de trois mois. Ça peut monter à 2000 $ », mentionne le Dr Marois.

En envoyant une concentrat­ion élevée d’oxygène au cerveau, l’oxygénothé­rapie par chambre hyperbare contribue à favoriser l’éveil et l’intelligen­ce de l’enfant, et ce, en quelques jours à peine, selon le spécialist­e.

« Les améliorati­ons sont presque instantané­es, notamment sur la volonté de se déplacer, de communique­r, également sur le plan de la motricité des enfants », explique ce dernier.

Une situation vécue par Charles-Antoine Sévigny et Mélissa Lebel, parents de la petite Laura, âgée d’un an et demi, qui ont loué leur première chambre hyperbare l’hiver dernier.

« Après six ou sept traitement­s, on a commencé à trouver qu’elle avait une plus grande acuité intellectu­elle. Elle était plus présente avec nous et plus interactiv­e avec son frère », raconte M. Sévigny. Des résultats si convaincan­ts, qu’il a décidé d’acheter une chambre avec ses voisins, qui ont eux aussi un enfant atteint de paralysie cérébrale.

TRAITEMENT­S EN ANGLETERRE

Les résultats ont aussi été très impression­nants pour Claudine Lanoix, mère de jumeaux atteints de paralysie cérébrale, lorsqu’elle s’est rendue en Angleterre en 1998 grâce à une collecte de fonds, pour traiter ses garçons alors âgés de quatre ans.

« En une semaine, Mathieu avait beaucoup plus d’équilibre et d’endurance pour marcher. Et Michel, qui ne marchait pas et ne s’asseyait pas tout seul le faisait », indique Mme Lanoix. Quelques années plus tard, elle a même ouvert son propre centre d’oxygénothé­rapie à Pincourt, en Montérégie, une première au Québec. Depuis 2004, elle a ainsi traité près de 500 enfants atteints de paralysie cérébrale.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK Samuel Méthot avec sa mère, à l’intérieur d’une chambre hyperbare. Avant la chambre hyperbare, les crises de Samuel étaient si violentes qu’il pouvait tomber face première au sol.
 ?? PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK ?? Raymond Poitras a loué une chambre hyperbare à son fils Samuel et a vu de nettes améliorati­ons dans son comporteme­nt.
PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK Raymond Poitras a loué une chambre hyperbare à son fils Samuel et a vu de nettes améliorati­ons dans son comporteme­nt.

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