Nombreux Espagnols réclament dialogue et unité
MADRID | (AFP) Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier dans toute l’Espagne, les unes pour l’« unité », les autres pour le « dialogue », alors que les séparatistes au pouvoir en Catalogne envisagent de déclarer l’indépendance unilatérale de leur région ces prochains jours.
À la fin d’une journée de manifestations d’Espagnols angoissés par la pire crise politique dans leur pays depuis le retour de la démocratie, le quotidien El Pais, le plus lu du pays, a publié un entretien du chef du gouvernement, où il assure qu’une hypothétique déclaration d’indépendance « ne débouchera pas sur quoi que ce soit ».
Il y lance un appel aux nationalistes catalans les plus modérés, pour qu’ils s’éloignent des radicaux avec lesquels ils se sont alliés pour disposer d’une majorité au Parlement catalan, alors que les indépendantistes semblent douter.
Dans la rue, à l’appel de l’initiative citoyenne « Parlem ? Hablemos ? » (On se parle ? en catalan et en espagnol), des dizaines de milliers de personnes, vêtues de blanc, s’étaient auparavant rassemblées dans plusieurs villes pour réclamer un « dialogue » entre les Catalans et le reste du pays.
RUPTURE
« Je suis triste de voir l’état dans lequel se trouve notre pays et la médiocrité de notre gouvernement », se lamentait Marta Muro, 67 ans, rencontrée dans la manifestation de Madrid qui, selon des journalistes de l’AFP, a réuni plusieurs milliers de personnes.
À Barcelone, la même initiative a rassemblé plusieurs milliers de personnes face à la mairie. « On ne peut nier la tension sociale », disait Alicia Domenec, 39 ans. « Il y a une rupture, une fracture, des insultes, une négation de l’autre. »
Des manifestations similaires ont eu lieu à Valence), Saragosse et Valladolid, au Pays Basque et à Palma de Majorque, entre autres.
DÉFILÉ « PATRIOTIQUE »
À Madrid, un défilé « patriotique » a par ailleurs rassemblé 50 000 personnes, selon la préfecture. Au milieu des drapeaux espagnols, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux dirigeants catalans séparatistes, à l’origine de la consultation de dimanche dernier interdite par la justice espagnole.
Octavi Puig, un retraité catalan qui vit à Madrid, a dit manifester « parce que je ne veux pas qu’on mette un Mur de Berlin pour aller là où se trouvent les morts (de sa famille) et mes proches ».
La crise, qui inquiète aussi l’Europe, touche également la Catalogne, où vivent 16 % des Espagnols, car, selon les sondages, la moitié de la population n’est pas indépendantiste.