Le Journal de Montreal

Une dernière visite sur les lieux du drame

Les parents et le frère du chauffeur de l’autocar iront s’y recueillir une ultime fois

- SOPHIE CÔTÉ

QUÉBEC | Vingt ans après la mort d’André Desruissea­ux, le chauffeur de 29 ans qui a péri comme 43 de ses passagers dans l’accident des Éboulement­s, sa famille ira se recueillir fort possibleme­nt pour une dernière fois sur les lieux du drame.

« Ils ne l’oublieront jamais. Mais ça va bien aujourd’hui, ils sont passés à autre chose », résume Denis Desruissea­ux, le frère du chauffeur, pour expliquer comment se portent ses parents, 20 ans plus tard.

La famille a pansé ses blessures depuis longtemps, insiste celui qui était très proche de son seul frère. La vie a tranquille­ment repris son cours après des moments difficiles, raconte-t-il.

Il admet d’ailleurs que ses parents auraient préféré rester dans l’oubli, à l’occasion de ce triste anniversai­re.

UNE DERNIÈRE FOIS

Il n’en demeure pas moins que le disparu fait toujours partie de leurs pensées.

Chaque semaine, glisse M. Desruissea­ux, ses parents se rendent au cimetière de Sherbrooke où son frère a été enterré. Un précieux rendez-vous qu’ils ont conservé, après toutes ces années.

Vingt ans après le drame, Denis Desruissea­ux accompagne­ra ses parents aux Éboulement­s, quelque part au mois d’octobre.

Ils iront s’y recueillir une dernière fois en toute intimité, à l’abri des journalist­es et des caméras, souhaitent-ils.

« C’était déjà prévu qu’on voulait y aller au 20e anniversai­re. J’y suis allé à 10 ans, à 15 ans… Mais probableme­nt que c’est la dernière fois qu’on va y aller », souligne le père de trois enfants.

UNE ULTIME RENCONTRE

Par un curieux hasard, depuis l’hiver, le nouveau travail de M. Desruissea­ux à Montréal le fait passer chaque jour devant l’endroit où il a rencontré son frère pour la dernière fois, quelques jours avant sa mort.

« Je lui avais donné 13 lettres que sa blonde de France lui avait envoyées », se rappelle-t-il.

André Desruissea­ux avait rencontré l’âme soeur trois mois jour pour jour avant l’accident. « C’était l’amour fou », se remémore le frère du chauffeur d’autocar.

UN AMOUR IRREMPLAÇA­BLE

Les tourtereau­x devaient se marier en octobre. Le destin en aura voulu autrement, l’accident entraînant dans la mort André Desruissea­ux et 43 personnes âgées de SaintBerna­rd-de-Beauce la veille de l’arrivée de la jeune femme au Québec.

Cette dernière, qui est retournée vivre en France, n’a plus jamais eu d’homme dans sa vie.

« Elle m’a déjà dit : “Je ne rencontrer­ai jamais quelqu’un d’autre comme ton frère” », confie M. Desruissea­ux.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Les parents du chauffeur photograph­iés au cimetière de Sherbrooke l’année suivant le drame.
PHOTO D’ARCHIVES Les parents du chauffeur photograph­iés au cimetière de Sherbrooke l’année suivant le drame.

Newspapers in French

Newspapers from Canada