Au moins 270 arrestations lors de manifs pour la fête de Poutine
SAINT-PÉTERSBOURG | (AFP) Plus de 270 partisans de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny ont été interpellés hier, selon une ONG, lors de manifestations non autorisées à cinq mois de la présidentielle, dont plusieurs dizaines à Saint-Pétersbourg, la ville natale de Vladimir Poutine qui fêtait ses 65 ans.
La mobilisation, comme la réponse policière, a été dans l’ensemble nettement inférieure aux manifestations du printemps qui avaient rassemblé des dizaines de milliers de personnes, souvent très jeunes. Elle constitue cependant un défi direct au président russe – qui sauf énorme surprise devrait briguer un quatrième mandat au printemps prochain – le jour de son anniversaire étant habituellement marqué par de nombreux éloges.
Navalny avait appelé lundi ses partisans à sortir dans la rue, après avoir été condamné à 20 jours de détention pour appel à des manifestations non autorisées. C’est son troisième séjour en prison cette année.
Des rassemblements ont eu lieu dans 80 villes de l’Extrême Orient à la Baltique, dont Moscou, mais le plus important cortège a été organisé à Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, où 3000 personnes ont défilé dans le centre-ville en scandant « Liberté à Navalny ! » avant que des arrestations ne commencent, selon une journaliste.
« ENTRAVES À LA CIRCULATION »
Vers 18 h GMT, le nombre d’interpellations était de 62 à Saint-Pétersbourg, portant leur nombre total en Russie à 271, selon l’ONG spécialisée OVD-Info. Des témoins ont évoqué des interpellations musclées avec des personnes en sang.
Pour sa part, la police de Saint-Pétersbourg a fait état de 38 personnes interpellées – « pour entraves à la circulation de voitures », en précisant qu’elles avaient été toutes relâchées.
Selon la police, le rassemblement a réuni « environ 1800 personnes ».
Une cinquantaine de manifestants restaient toujours vers 19 h GMT près de la place de l’Insurrection, en plein centre de Saint-Pétersbourg, mais les policiers déployés en nombre s’en étaient retirés.
L’ONG Amnesty International a dénoncé l’arrestation de « protestataires pacifiques en Russie », en appelant à les « relâcher immédiatement » et « commencer immédiatement à respecter et à protéger les droits de ces protestataires ».
CALME À MOSCOU
Opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, 41 ans, a peu de chance de pouvoir se présenter contre Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 1999. La commission électorale centrale a prévenu en juin qu’une précédente condamnation de justice pour détournement de fonds l’en empêchait.
Connu pour ses enquêtes sur la corruption des élites russes, malgré tout, ces dernières semaines il a multiplié les meetings dans de nombreuses villes russes et prévoyait avant son arrestation de rencontrer ses électeurs samedi à Saint-Pétersbourg.
À Moscou, un millier de personnes se sont réunies dans l’après-midi sous les averses dans le centre-ville.
D’importantes mesures de sécurité avaient été déployées, mais les forces antiémeutes n’ont pratiquement pas perturbé la marche des protestataires.