L’art de perdre
C’est l’un des livres de la rentrée dont tout le monde parle avec emphase : même si elle n’a que 31 ans, la romancière française Alice Zeniter signe ici un très grand roman qui, en plus d’avoir déjà remporté plusieurs récompenses, est en lice pour les prestigieux prix Goncourt et Renaudot.
Après quelques pages seulement, cette brillante et foisonnante saga familiale remonte le cours du temps pour nous permettre de découvrir la Kabylie des années 1930, colonisée par les Français au 19e siècle.
ACCOMPLISSEMENT PERSONNEL
Dans son petit village de montagne aux terres rocailleuses où presque tous les horizons sont bouchés d’avance, Ali aurait ainsi dû faire partie des innombrables ados promis à un très noir avenir. Mais par une chaude journée d’été, en allant se baigner à la rivière, il sortira de l’eau un pressoir en parfait état de marche. Car dès qu’il l’installera et apprendra comment s’en servir, les habitants du coin se presseront à ses portes pour en tirer de l’huile d’olive.
Une belle histoire de réussite et d’accomplissement personnel qui finira malheureusement par être entachée par la guerre d’Algérie, Ali ayant choisi d’en fuir les plus sanglants chapitres en obligeant toute sa famille à émigrer en France.
CONNAÎTRE SES ORIGINES
Naïma, la petite-fille d’Ali, verra donc le jour en Normandie. Et en tant qu’immigrée de troisième génération, elle n’aura aucun mal à s’établir à Paris pour occuper un poste de choix dans l’une de ses galeries d’art. Les attentats terroristes de novembre 2015 l’inciteront cependant à vouloir en savoir plus sur ses origines et sur l’Algérie, un pays dont elle ne connaîtrait même pas la superficie si Wikipédia n’existait pas.
Racontée avec maestria, cette fresque s’inscrit indiscutablement dans la liste de nos gros coups de coeur de la rentrée.