Le Journal de Montreal

Vegas a un genou au sol

- MATHIEU BOULAY mathieu.boulay@ quebecorme­dia.com

LAS VEGAS | Depuis mes débuts au Journal de

Montréal, j’ai eu l’occasion de couvrir une dizaine d’événements sportifs à Las Vegas. Je commence donc à bien connaître la ville, ses fêtards et ses habitants. Vendredi, lorsque j’ai sauté dans l’avion, j’étais un peu nerveux à l’idée constater l’étendue des dommages causés par la fusillade du Mandalay Bay.

Je vais faire un lien avec la boxe pour illustrer l’ambiance qui règne ici depuis mon arrivée.

C’est comme si la ville de Las Vegas avait reçu un violent uppercut qui l’a envoyé au tapis. Une semaine après le drame, elle est toujours ébranlée, mais elle a un genou au sol. Elle va finir par se relever. Toutefois, cela prendra quelques mois pour guérir cette blessure qui laissera des cicatrices.

Comme d’habitude, les hôtels sont remplis et les fêtards ont un verre à la main à toute heure du jour ou de la nuit. Il y a des choses qui ne changeront pas, même après la pire fusillade de l’histoire moderne aux États-Unis.

Par contre, les gens sont plus réservés dans leurs élans de joie sur la célèbre Strip. On peut penser que c’est une forme de respect envers les 59 personnes qui ont perdu la vie sous les balles du tireur fou dont je tairai le nom.

UNE SÉCURITÉ SUR LES DENTS

Pour ceux qui se le demandent, Las Vegas sera la ville la plus sécuritair­e au monde dans les prochaines semaines. En plus de la présence de centaines de policiers dispersés stratégiqu­ement, les hôtels ont aussi mis le paquet.

Je l’ai constaté à mon arrivée au MGM. En me dirigeant vers les ascenseurs, un « petit » monsieur avec un chandail jaune fluo a exigé que je lui montre ma carte de chambre pour me laisser passer. Je me suis exécuté sans poser trop de questions.

J’ai eu droit à la même demande toutes les fois que je devais me rendre à ma chambre dans cet hôtel qui en compte plus de 6800. Un peu « gossant » comme le diraient les ados. Par contre, je suis capable de me placer dans les souliers de ces personnes qui s’assurent que je serai en sécurité.

C’était la première occasion où je vivais une telle situation pendant un séjour à Vegas et j’espère que ce sera la dernière. Ça signifiera­it que la vie a repris son cours normal, du moins en apparence.

DEUX FENÊTRES CÉLÈBRES

Hier, je me suis rendu au lieu commémorat­if des victimes du 1er octobre et au Mandalay Bay pour analyser les réactions des gens. Deux mots : tristesse et incompréhe­nsion.

Ils ont créé un endroit de recueillem­ent sur le terreplein du Las Vegas Boulevard situé à quelques centaines de mètres des installati­ons du festival country qui sont toujours en place. En voyant l’immense scène de spectacle au loin, il est facile d’imaginer ce qui est arrivé quand les balles se sont mises à siffler et que la panique s’est emparée de la foule.

Puis, lorsque je me suis approché du Mandalay Bay, toutes les personnes avaient les yeux rivés au 32e étage où le tireur a effectué son carnage. Ces deux fenêtres, qui sont maintenant célèbres, ont été remplacées de façon temporaire.

Toutefois, la blessure subie par la ville de Las Vegas demeurera permanente dans la mémoire des résidents. C’est eux qui décideront de la durée de la guérison et non pas les millions de touristes qui viennent les visiter pour quelques jours.

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