LEUR MAISON NEUVE INFESTÉE DE CHAMPIGNONS
Un couple de la Rive-Nord rêvait d’y accueillir ses huit enfants et d’y installer son bureau de dentiste
Un couple se bat en cour pour obtenir le dédommagement de 600 000 $ qui lui permettra de rénover sa demeure pleine de vices cachés.
Un couple de la Rive-Nord se sent prisonnier de sa maison de 725 000 $ qu’il a achetée avec des fondations pourries qui s’affaissent et des moisissures qui menacent leur santé.
« C’est un cadeau empoisonné, dénonce Nathalie Chayer pour décrire sa vaste maison de Deux-Montagnes au bord de l’eau. Les gens entrent et font “wow”, mais de plus près, c’est une pomme pourrie ».
Elle se démène en cour depuis plus de trois ans pour obtenir un dédommagement qui lui permettra de rénover la maison, surtout que son conjoint, Patrick Sicard, et elle n’ont plus les moyens d’en louer une autre. Et ils ne peuvent pas la vendre non plus.
Elle a acheté la luxueuse maison il y a quatre ans. Elle devait accueillir les huit enfants de la famille recomposée ainsi que le bureau de dentiste du couple. Mais ils ont vite déchanté.
Le fils de 18 ans de Mme Chayer, qui dormait au sous-sol, s’est mis à saigner du nez en pleine nuit et à souffrir de maux de tête. Quelques mois plus tard, à la fonte des neiges, M. Sicard a remarqué que le tapis était mouillé.
VICES CACHÉS
C’est en le soulevant qu’ils ont découvert des moisissures. « On a cueilli des champignons à la main », se souvient avec dégoût la femme de 44 ans. Puis, ils ont arraché les murs de gypse où une « eau noire nauséabonde » s’est mise à couler.
Ils ont alors intenté une poursuite de plus de 600 000 $ pour vices cachés contre les anciens propriétaires, qui avaient eux-mêmes fait construire la maison quatre ans plus tôt.
Selon la poursuite, « des expertises effectuées sur l’immeuble ont permis de découvrir des infiltrations d’eau causant une contamination fongique de l’air ambiant et des matériaux de construction ainsi que des dommages à la structure du bâtiment. »
Mme Chayer et M. Sicard espéraient rénover rapidement pour garder leur maison de rêve.
« GUÉRILLA SANS FIN »
Mais leur poursuite s’est transformée en « guérilla sans fin » selon Nathalie Chayer. D’abord, le vendeur de la maison s’est tourné vers ses assurances habitation pour dédommager les nouveaux acheteurs.
En 2015, la Cour supérieure a statué que ce n’était pas à l’assureur d’assumer les coûts, mais bien aux anciens propriétaires. Ceux-ci ont ensuite blâmé les contractants qui ont participé à la construction de la maison, qui réclament à leur tour un dédommagement à leurs assurances professionnelles.
« On joue au ping-pong avec ma maison et ma santé », déplore Mme Chayer. Elle a reçu une offre de compensation des assureurs, qu’elle a refusée, car elle couvrait à peine plus du quart des travaux évalués à 400 000 $ qu’elle doit faire, comme excaver les fondations.
En attendant, le couple a dû condamner le sous-sol. Leurs enfants doivent vivre chez leurs autres parents respectifs. Ils sont aussi sans travail. M. Sicard avait déjà vendu son bureau de dentiste, où Mme Chayer était directrice, puisqu’il pensait en ouvrir un chez lui.
Mme Chayer dit désormais souffrir d’asthme chronique à cause des moisissures. L’été, elle garde les fenêtres ouvertes nuit et jour. L’hiver, elle n’utilise que des chaufferettes d’appoint, car le système de chauffage central est contaminé.
Incapable d’envisager un autre hiver dans cet enfer, le couple a emprunté et joue ses économies pour rénover, sans savoir s’il sera dédommagé.
Le Journal a contacté les avocats des vendeurs de la maison, qui n’ont pas voulu commenter.