Le Journal de Montreal

Les prêts rapides explosent au Québec

L’industrie des prêteurs d’argent est en pleine explosion au Québec

- PIERRE COUTURE

QUÉBEC | Le nombre de courtiers qui prêtent de l’argent en moins de 24 heures a explosé au Québec depuis 5 ans. Sans réglementa­tion trop contraigna­nte, ces prêteurs peuvent offrir du crédit à des taux annuels dépassant les 300 %.

Une simple visite sur le web permet de constater que l’industrie du crédit personnel est en plein essor au Québec alors que plus du tiers des Québécois vivent d’une paye à l’autre.

Certains prêteurs garantisse­nt même une réponse en moins de 30 minutes.

On compte maintenant plus de 185 prêteurs d’argent au Québec, en hausse de 47 % depuis 5 ans.

Or, les prêteurs ne disent pas tout dans leur annonce, alors qu’ils perçoivent des frais de courtage dissimulés qui peuvent parfois atteindre 350 $ sur un seul prêt de 750 $.

« C’est incroyable de voir le nombre de gens qui se font avoir avec ce type de prêts au Québec », signale le président du bureau de syndic Jean Fortin et Associés, Pierre Fortin. Depuis un an, M. Fortin dit noter une forte augmentati­on de ce type de financemen­t dans les dossiers de ses clients qui déclarent faillite. « Avant, on n’en voyait jamais. Mais là, au moins 10 % des cas de faillite que l’on traite en contiennen­t. C’est beaucoup trop », indique-t-il.

MAIS QUI SURVEILLE ?

Au Québec, c’est l’Office de la protection du consommate­ur (OPC) qui délivre des permis de prêteurs d’argent et qui encadre cette industrie florissant­e.

« Depuis l’automne 2015, l’Office a procédé à des vérificati­ons auprès de 75 détenteurs de permis. Vingt-deux avis d’infraction ont été émis », soutient le porte-parole de l’OPC, Charles Tanguay.

Reste que l’OPC n’a pas l’autorité de vérifier d’où provient l’argent des entreprise­s qui prêtent en moins de 24 heures.

Ni l’Autorité des marchés financiers (AMF) ni le Bureau du surintenda­nt des institutio­ns financière­s (BSIF) n’ont le mandat de faire respecter les lois et de surveiller la pratique de prêts d’argent.

À l’Union des consommate­urs (UC), on soupçonne que de nombreux prêteurs n’ont pas leur permis de l’OPC pour opérer au Québec.

« Il est très difficile de savoir qui a son permis et qui ne l’a pas. C’est très inquiétant », déplore l’analyste Yannick Labelle de l’UC. Cette dernière note que les prêts rapides sont de plus en plus populaires auprès des ménages de la classe moyenne pour les aider à payer des factures courantes.

« Il y a un changement de clientèle. On voit des gens avec des emplois et de très bons revenus avoir maintenant recours à ces types de prêts pour arriver à la fin de chaque mois », soutient-elle.

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PHOTO LE JOURNAL Les entreprise­s qui prêtent des petites sommes d’argent en 24 h comme ArgentRapi­de.com ont le vent dans les voiles au Québec sur le web. Sans cadre juridique précis pour contrôler leurs affaires, elles prêtent leur argent à des taux exorbitant­s sans...

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