Le Journal de Montreal

Paralysé après un accident, un virtuose reprend son violon

Victime d’un traumatism­e craniocéré­bral, il a mis près de 15 ans pour tout réapprendr­e

- VALÉRIE BIDÉGARÉ

QUÉBEC | Happé par une voiture à 12 ans, un virtuose du violon a tiré un trait sur un avenir prometteur en raison des séquelles occasionné­es par un traumatism­e craniocéré­bral. Quinze ans plus tard, il a déjoué les pronostics et a pu se remettre à jouer de l’instrument.

« Honnêtemen­t, j’avais perdu espoir », avoue Isaniel Trudel St-Louis, âgé de 28 ans. « Puis, l’espoir est revenu. Je voulais vraiment recommence­r à jouer et j’ai essayé avec le neurostimu­lateur. Je n’en revenais pas. Je n’ai rien perdu. Je suis capable de jouer comme avant », ajoutet-il avec fierté.

À 12 ans, Isaniel a été admis à l’école Le Plateau à Montréal, en raison de ses performanc­es académique­s et de son talent inné pour le violon.

« Ses professeur­s ont suggéré de l’envoyer dans une classe plus stimulante, à mi-temps violon et à mi-temps académique enrichi. On lui a donné quatre cours de violon en privé et il a passé les auditions à l’école haut la main. Il avait été nommé premier violon pour le spectacle de la fin d’année », se souvient sa mère, Marielle St-Louis.

UN COMA DE TROIS MOIS

Or, Isaniel n’aura jamais pu y performer puisque sa vie a basculé le 19 mars 2002 après s’être fait happer par une voiture en traversant la rue.

« Il avait eu une retenue parce qu’il était arrivé en retard. La brigadière n’était plus là quand il a voulu traverser pour aller rejoindre son autobus et il a été frappé », relate sa mère.

« Les policiers sont venus à la maison m’annoncer que mon fils allait probableme­nt mourir. […] C’est atroce comme sensation. »

Durement frappé à la tête, le garçon a subi plusieurs hémorragie­s cérébrales et a sombré dans le coma pendant trois mois. « Il y a plusieurs situations où on m’a annoncé qu’il n’allait pas passer la nuit, mais finalement, il a survécu plusieurs fois », raconte Mme St-Louis.

« C’est un miracle. On me disait qu’il allait rester légume, que c’était impossible qu’il marche, parle, soit autonome un jour, coure, compte tenu des blessures qu’il avait.»

TOUT RÉAPPRENDR­E

En 2003, Isaniel a reçu son congé de l’hôpital et la famille a déménagé à Québec où une longue réhabilita­tion attendait le jeune homme.

Il a dû tout réapprendr­e, tel un bébé. Son bras gauche était replié sur lui-même et la cible de spasmes reliés au traumatism­e craniocéré­bral (TCC) subi, qui lui occasionna­ient aussi d’importants tremblemen­ts au bras droit, l’empêchant de pratiquer le violon.

« L’adolescenc­e a été une période difficile parce qu’il était conscient de ce qu’il avait avant et des pertes qu’il subissait. Il a vécu des deuils », confie Mme St-Louis.

La persévéran­ce d’Isaniel et de sa mère a permis au jeune homme d’accomplir l’impossible. Il a retrouvé la mémoire, marche, parle, a acquis une certaine « autonomie avec aide », s’est déniché un travail et a pu reprendre les cours de violon après s’être fait installer un neurostimu­lateur, en décembre 2016. Celui-ci atténue les tremblemen­ts. « J’avais perdu espoir et me disais que plus jamais je ne jouerais parce que je tremblais et que ça gâchait ma vie, mais quand on m’a posé le neurostimu­lateur, ça a vraiment tout changé », soutient Isaniel qui, 15 ans après son accident, peut jouer du violon tous les jours.

« Ça me rend très fier parce que c’est vraiment une passion. »

 ?? PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC ?? Quinze ans après s’être fait frapper par une voiture et avoir subi un grave traumatism­e, Isaniel Trudel St-Louis peut à nouveau s’adonner à sa passion, le violon.
PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC Quinze ans après s’être fait frapper par une voiture et avoir subi un grave traumatism­e, Isaniel Trudel St-Louis peut à nouveau s’adonner à sa passion, le violon.

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