Le Journal de Montreal

La gratitude en 2017

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

L’Action de grâce trône au sommet de mes fêtes préférées. Il y a quelque chose de noble à l’idée de dire merci à l’univers pour toutes les bontés de la vie, petites et grandes. Nos ancêtres agriculteu­rs remerciaie­nt le ciel pour l’abondance de la terre. À l’ère de l’industrial­isation, les pères de famille rendaient grâce à Dieu pour une job steady dans une usine pour nourrir leur marmaille.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui nous incite à dire merci ? Posséder un téléphone intelligen­t dernier cri ? Une Tesla Model S équipée d’un filtre contre les armes biologique­s ? Une télévision aussi intelligen­te que le téléphone ?

Nous avons laissé la technologi­e prendre le contrôle de nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Tous ces bidules nous facilitent certes l’existence, mais peut-on dire que la technologi­e fait de nous de meilleurs êtres humains ?

J’en doute. Observer le comporteme­nt humain sur les réseaux sociaux confirme que la facilité de communique­r rendue possible par la technologi­e ne convient pas à tout le monde et n’incite personne à rendre grâce.

ÊTRE SOIGNÉS

Depuis quelques jours, en préparant cette chronique, j’ai dressé dans ma tête une liste de choses qui méritent une Action de grâce, selon moi. Mes choix vous surprendro­nt, parce que ce sont des choses qui, en temps normal, font râler les chroniqueu­rs.

J’ai envie de vous parler de ce lieu que nous habitons, le Québec, et de toutes les bonnes choses qu’il nous réserve au quotidien. Nous passons beaucoup de temps à lui trouver des défauts, mais pas assez de temps à lui trouver des qualités. À dire merci.

Ce week-end, les derniers patients de l’hôpital Saint-Luc étaient transférés au nouveau CHUM, un des meilleurs hôpitaux du monde. Si les patients continuero­nt d’attendre trop longtemps à l’urgence, les grands malades, eux, seront soignés comme dans les hôpitaux américains les plus prestigieu­x, sans facture vertigineu­se à la sortie.

Il y a de quoi en vouloir au Dr Barrette pour sa gestion du réseau, mais tous les Québécois sont soignés comme s’ils étaient des millionnai­res. Pour cette seule raison, je dis merci et j’oublie le cafouillag­e administra­tif pendant une journée.

JUSTICE ET DROITS

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, est un des maillons faibles du gouverneme­nt Couillard, mais qu’importe, un Québécois qui se fait arrêter est assuré d’être jugé dans les règles de l’art. Ses droits constituti­onnels seront respectés à la lettre. Le peuple rêve peut-être d’une justice plus expéditive, mais quand on se demande : « Et si c’était moi ? » le système actuel mérite un gros merci.

Enfin, vendredi, Carolyn Bennett, ministre des Relations Couronne-Autochtone­s, a annoncé la conclusion d’une entente de principe de 800 millions $ pour dédommager 20 000 enfants autochtone­s retirés à leurs familles pour être adoptés au Canada et ailleurs durant les années 60. Le summum de la cruauté.

Je suis fière de vivre dans un pays qui n’a pas peur de demander pardon pour les erreurs du passé.

Une journée par année, ce n’est pas trop pour dire merci.

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Nous avons tendance à oublier que nous avons plusieurs raisons de rendre grâce pour la vie que nous menons.
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