Le président séparatiste met de l’eau dans son vin
Puigdemont suspend la déclaration d’indépendance et privilégie la voie médiane
BARCELONE | (AFP) Pris entre deux feux, le président catalan Carles Puigdemont a signé hier soir une déclaration d’indépendance qu’il a immédiatement suspendue en vue d’un très hypothétique dialogue avec Madrid, semant la confusion sur la suite des événements.
« Nous constituons la République catalane comme État indépendant et souverain, de droit, démocratique et social », lit-on dans ce texte signé par les trois partis indépendantistes.
« Mais le président la suspend en appelant au dialogue », conformément à son allocution préalable devant le Parlement régional, a précisé un porte-parole du gouvernement catalan.
En paraphant ce document, Carles Puigdemont a dit tirer les conséquences du référendum d’autodétermination, marqué par des violences policières, qui s’est tenu le 1er octobre en Catalogne.
Les séparatistes catalans affirment avoir remporté avec 90 % des voix et 43 % de participation ce scrutin jugé illégal par la justice espagnole et boycotté par leurs opposants. Assez, disent-ils, pour déclarer unilatéralement l’indépendance, au risque d’aggraver la pire crise politique en Espagne depuis le retour de la démocratie il y a quarante ans.
PORTE OUVERTE
Carles Puigdemont, pressé de toutes parts, n’est pas allé aussi loin. Il a privilégié la voie médiane en proposant de « suspendre les effets de la déclaration d’indépendance », sans fixer de délai, lors d’une allocution historique au Parlement.
Auparavant, il avait estimé, l’air grave devant les parlementaires, qu’il avait reçu un « mandat » des Catalans « afin de transformer la région en un État indépendant sous forme de république ».
Il continue ainsi à parler d’indépendance à son électorat, mais laisse une porte ouverte pour une solution négociée, qui s’annonce difficile.
MADRID RESTE FERME
Car Madrid reste ferme et n’entend pas négocier avec les indépendantistes. Dans une première réaction, le gouvernement conservateur a estimé qu’une « déclaration implicite d’indépendance ( .... ) n’est pas admissible », a indiqué un porte-parole.
Le premier ministre Mariano Rajoy avait laissé entendre ces derniers jours qu’en cas de déclaration d’indépendance, il pourrait suspendre l’autonomie de la région, une mesure jamais appliquée dans cette monarchie parlementaire extrêmement décentralisée.