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Donald Trump a une obsession avec la taille des choses : il ne faisait pas que construire des gratte-ciels, c’était les « plus grands immeubles au monde ». Puis, souvenez-vous comment il avait mal pris, pendant la course à l’investiture républicaine, l’insinuation que, comme il avait de petites mains, il devait avoir… un petit pénis.
Après sa virilité, Trump en a assez cette fois qu’on questionne ses capacités mentales, qu’on se demande s’il est apte à prendre des décisions aussi lourdes de conséquences humaines et historiques que de répondre à une provocation nucléaire de la Corée du Nord.
Et la fameuse goutte qui a fait déborder le vase, c’est une autre allégation, diffusée par NBC News, démentie ici et là par l’administration Trump, mais qui s’accroche et prend, chaque jour, un peu plus de crédit.
TU LA VEUX, MON OPINION ?
Au cours de l’été, le secrétaire d’État Rex Tillerson aurait partagé son opinion sur son patron, lors d’une rencontre au Pentagone avec l’équipe de sécurité nationale du président. Il l’aurait tout simplement qualifié de « moron ». En fait, soyons précis, l’expression exacte que l’ex-PDG d’ExxonMobil, un respectable grandpère de 65 ans, aurait employée est « a fucking moron ». Pas gracieux, mais sans ambiguïté.
Tillerson a été réinterrogé depuis, pas souvent, parce qu’ils n’aiment pas les journalistes, mais, au moins une fois, on lui a demandé s’il avait effectivement traité le président des ÉtatsUnis de « moron ». Sa réponse, « Je ne vais pas m’arrêter à de petites choses (petty stuff) comme ça. » Euh, c’est oui ou c’est non?
VOUS EN PENSEZ QUOI, M. LE PRÉSIDENT ?
Faute de certitude, le magazine Forbes a demandé cette semaine l’avis de Donald Trump, le principal concerné. « Je crois que c’est de la fausse information (fake news), mais s’il l’a dit, il va falloir que nous comparions nos test de quotient intellectuel. Et je peux vous dire qui va gagner. »
Le président nourrit une obsession pour le QI des gens. Une obsession qu’on retrouve au fil des ans dans les messages qu’il a laissés sur Twitter, dans les interviews qu’il a données et les discours qu’il a prononcés, notamment lors de la dernière campagne présidentielle.
Tout le monde y est passé, dont les investisseurs sur Wall Street, les généraux de l’armée américaine et même Rick Perry, un de ses adversaires à l’investiture républicaine, à propos de qui, en décembre 2014 sur Twitter, Trump écrivait que « 6 psychiatres, tous de Harvard, avaient conclu que Trump était quasiment un génie et Perry avec un QI dans la moyenne ou au-dessous. » Perry, en passant, est devenu depuis son secrétaire à l’Énergie.
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Le président américain vient, par ailleurs, de nous rappeler une autre de ses obsessions : il méprise les petits hommes. Marco Rubio, le sénateur de la Floride, y avait goûté, toujours pendant la campagne présidentielle, alors que Trump ne faisait plus référence à lui qu’en l’appelant dédaigneusement « Little Marco ».
Hier, Donald Trump a sorti son argument massue pour répondre au sénateur républicain Bob Corker qui s’inquiétait, dans une interview au New York Times que « le comportement imprudent du président place les États-Unis sur le chemin de la 3e guerre mondiale ». « Liddle Bob Corker a fait un fou de lui », a rétorqué Trump sur Twitter, en déformant le mot « little ».
Rubio fait 5’9”, Corker 5’7”, Trump les domine à 6’2”. Il est le plus grand, donc le plus apte à gouverner. Pas compliqué. C’est ainsi que ça fonctionne dans cette Maison-Blanche.
Le président nourrit une obsession pour le QI des gens