Le Journal de Montreal

Un nouveau blâme pour « matricule 728 »

L’ex-agente du Service de police de la Ville de Montréal a malmené un citoyen lors du printemps érable en 2012

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE - Avec la collaborat­ion de Michaël Nguyen

L’ex-policière Stéfanie Trudeau a essuyé un nouveau blâme en déontologi­e hier pour une interventi­on qui remonte à 2012, au cours de laquelle elle avait maltraité un citoyen.

Sur les neuf chefs déposés contre celle qui est connue sous le nom de « matricule 728 », cinq ont été retenus.

Le Comité de déontologi­e policière a déterminé qu’elle avait manqué de respect à Julian Menezes, qu’elle n’avait pas veillé à ce qu’il porte sa ceinture de sécurité, qu’elle n’avait pas utilisé l’autopatrou­ille avec prudence et discerneme­nt, qu’elle avait omis de s’identifier et qu’elle avait eu recours à une force plus grande que nécessaire.

« L’AGRIPPE, LE RETOURNE, LE POUSSE »

L’événement remonte au 20 mai 2012. Stéfanie Trudeau patrouilla­it avec son partenaire dans l’arrondisse­ment Le Plateau-Mont-Royal. Lorsque les policiers ont tenté d’arrêter un cycliste qui n’avait pas de phare à l’avant de son vélo, Julian Menezes, un pur inconnu qui revenait d’un mariage, s’est arrêté. Il a proposé au cycliste d’agir comme témoin s’il décidait de contester.

Les échanges entre les policiers et M. Menezes sont toutefois rapidement devenus tendus. Croyant que le Montréalai­s était ivre, « matricule 728 » l’a arrêté.

« À cet instant, l’agente Trudeau court vers M. Menezes sans dire un mot, l’agrippe, le retourne, le pousse en direction de la voiture de patrouille et finalement le projette au sol », peut-on lire dans la décision.

Ils ont ensuite embarqué M. Menezes, alors menotté, dans l’autopatrou­ille et n’ont pas bouclé sa ceinture. Puis, afin de lui « faire la leçon », l’ex-agente aujourd’hui retraitée a freiné brusquemen­t à quelques reprises.

Selon le témoignage du plaignant, elle agissait de la sorte pour que le prévenu se cogne la tête sur le morceau de plexiglas qui sépare l’avant et l’arrière du véhicule.

Le partenaire de « matricule 728 », Constantin­o Samaras, a d’ailleurs été suspendu deux jours sans solde il y a une semaine pour ne pas être intervenu afin de faire cesser les manquement­s déontologi­ques dont il était témoin.

60 HEURES DE TRAVAUX

Dans le cas de l’ex-policière, le Comité a toutefois rejeté les accusation­s soutenant qu’elle avait tenu des propos injurieux fondés sur l’origine ethnique. Elle n’a pas non plus abusé de son autorité en arrêtant M. Menezes et le fouillant sans droit et en le déposant à plusieurs kilomètres de chez lui, selon la décision rendue publique hier.

Ce résultat une fois de plus défavorabl­e pour Stéfanie Trudeau s’ajoute à celui d’août dernier, quand la Cour supérieure avait balayé du revers de la main l’appel de sa condamnati­on pour voies de fait. Elle avait écopé d’une probation de 60 heures de travaux communauta­ires pour avoir malmené un autre citoyen lors d’une arrestatio­n en 2012.

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE En juin 2016, Stéfanie Trudeau s’était reconnue coupable de plusieurs infraction­s.

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