DES DÉBUTS TOUCHANTS
Les Golden Knights ont rendu un vibrant hommage aux victimes de la tuerie à leur premier match à Las Vegas
LAS VEGAS | Il y a de ces rares occasions où le hockey tient un rôle secondaire sur la glace, aussi historique le moment soit-il. Las Vegas en a fait l’éloquente démonstration hier soir lorsque ses Golden Knights ont effectué leurs premiers pas au T-Mobile Arena, dans une soirée qui visait avant tout à mettre un baume sur le coeur d’une ville ébranlée par la tragédie meurtrière sans précédent qui l’a frappée.
Dans ce match inaugural lors duquel le pointage n’avait pas l’importance habituelle, les familles des victimes, ainsi que les efforts des premiers répondants déployés sur le site du drame ont été salués avec classe par les Golden Knights lors d’émouvantes cérémonies d’avant-match.
Les frissons ont vite traversé les gradins quand les premiers répondants ont été présentés un à un sur la patinoire, accompagnés par les joueurs pour faire front commun.
Des serviettes « Vegas Strong », déposées sur chaque banc, ont été brandies bien haut. L’organisation a aussi eu l’humilité de retirer tous les messages publicitaires sur les bandes au profit de ce slogan unificateur, en cette difficile période pour la ville. Même les rivaux, les Coyotes de l’Arizona, portaient cette inscription sur leur casque en guise de solidarité.
UN HYMNE TOUCHANT
Le silence a également été observé pendant 58 secondes, en l’honneur des victimes, dont les noms sont apparus sur la glace dans un moment rassembleur.
L’interprétation de l’hymne national américain a été confiée à l’équipe du festival Route 91, qui a été la scène des déplorables événements du 1er octobre. La foule, qui a accompagné à l’unisson, aura vécu un autre instant de recueillement réparateur.
Ce moment chargé d’émotion a atteint son paroxysme quand Deryk Engelland, défenseur des Golden Knights et résident de Las Vegas depuis 14 ans, a pris le micro pour s’adresser aux premiers répondants ainsi qu’aux familles dévastées. « J’ai connu mon épouse ici. J’ai eu mes enfants ici. Je sais à quel point cette ville est spéciale. Pour tout ce que vous avez fait pour notre ville, merci ! À vous les familles touchées, nous ferons tout en notre pouvoir pour vous aider à guérir. Nous sommes Vegas Strong », a-t-il clamé tandis que les gorges se nouaient.
UNE « VRAIE » OUVERTURE VENDREDI
Les partisans locaux, qu’ils soient mordus ou toujours néophytes du hockey, ont néanmoins eu l’occasion de saluer leur première équipe sportive professionnelle, lors d’une brève saucette des joueurs et membres de l’organisation sur un tapis doré spécialement aménagé devant l’amphithéâtre.
Même le commissaire Bettman y est apparu, dans l’un des rarissimes endroits dans la Ligue où il a été applaudi. Fait anecdotique, il s’est même retrouvé à signer le chandail des Nordiques d’un amateur québécois ! À un autre qui lui a soufflé « N’oubliez pas Québec », le commissaire a cru plus sage de ne pas répondre.
Québec aura-t-elle enfin l’occasion de vivre un jour le moment de grâce tant attendu ? Pour l’instant, même dans une sobriété inhabituelle et digne, c’est Las Vegas qui a festoyé.
« Ça nous permet de croire qu’il y aura une équipe vers laquelle se tourner pour retrouver le sourire malgré les récents événements. C’est un rêve qui se réalise », s’est exprimé Biff Steiner, un résident de Las Vegas depuis une quinzaine d’années.