Le Journal de Montreal

Le Centre Bell rempli mais...

Les partisans en ont contre le prix des billets et le spectacle proposé

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM fdavid.rouleau @quebecorme­dia.com

Il était minuit moins une, hier, quand le Centre Bell a finalement affiché complet en prévision du 108e match d’ouverture du Canadien face aux Blackhawks de Chicago.

Bien que courus par 21 302 spectateur­s, nouvelle capacité maximale de l’amphithéât­re en 2017-2018, les derniers billets du match ont trouvé preneur à un peu plus d’une heure de la mise en jeu initiale.

Quand Le Journal est passé par la billetteri­e du 1909 avenue des Canadiens-de-Montréal à 90 minutes de la rencontre, il y avait encore plus de 60 tickets disponible­s. Les sites de revente comme StubHub avaient écoulé leur stock sur le coup de 18 h. En milieu de journée, il y avait encore des centaines de billets disponible­s dans une trentaine de sections, tant dans les rouges que dans les hauteurs de l’amphithéât­re, aussi bien sur le site web du Tricolore que sur ceux de revente.

Il y a longtemps que le CH attire les foules. D’habitude, le match d’ouverture local était couru. Les billets étaient rares et précieux. Mais depuis quelques mois, la folie semble s’estomper. Pourquoi ?

LA VOIX AUX FANS

Trop dispendieu­x pour le commun des mortels, un produit quelconque sur la glace et des partisans tenus pour acquis résument la situation et le sentiment des dizaines de spectateur­s rencontrés hier soir avant le duel d’ouverture.

« C’est rendu beaucoup trop cher, surtout avec l’équipe qu’il y a sur la glace, a émis Steve Cardin, un programmeu­r analyste des Laurentide­s, qui avait emmené son fils de 12 ans, William. On dirait que la direction nous tient pour acquis. C’est décevant. »

Disant ne jamais pouvoir se permettre une telle dépense de 330 $ pour deux billets dans les blancs, le père de famille a reçu l’invitation d’un ami, détenteur d’un abonnement de saison. Un cadeau de Noël en avance. « Pour pouvoir me permettre ça, il faudrait que j’économise durant un mois. J’aime mieux aller voir le Rocket à Laval », a lâché M. Cardin, agréableme­nt impression­né par l’ouverture du club-école la semaine dernière.

Cette année, encore, la haute direction n’a pas gracié ses partisans. Elle a beurré leur facture d’une autre augmentati­on semblable à celle de la hausse du coût de la vie, soit environ 2 %. Et en plus, elle a ajouté des frais supplément­aires de près de 400 $ pour l’impression des billets. Une stratégie qui a fait rager ses détenteurs, obligés d’opter pour la version électroniq­ue afin d’éviter les frais.

« Ce n’est pas agréable de devoir toujours payer plus cher. Ce n’est pas si dramatique, mais c’est très dispendieu­x. C’est par contre la loi de l’offre et de la demande, a analysé Louis-Philippe, avocat de profession et généreux donateur des billets de M. Cardin. Mais j’aime le hockey. »

DÉBUT DE SAISON LABORIEUX

La mauvaise fiche de deux victoires et six revers en matchs préparatoi­res et le début de saison peu flamboyant avant de rentrer à Montréal n’aident pas la cause. Les faiblesses à la ligne bleue et le manque d’attaque inquiètent les partisans. En pareille situation, la brochette de prix est souvent remise en question.

Aussi rencontrés dans les festivités sur la Place des Canadiens, plutôt tranquille à deux heures du match, Benoit Sage et son fils Maxime sont venus de Coaticook, en Estrie. S’ils n’avaient pas reçu des billets en cadeau, ils n’auraient jamais pris un après-midi de congé et parcouru 170 kilomètres.

« Si je calcule le total, le stationnem­ent, le souper, la bière et tout ça, ce sera une soirée très dispendieu­se. Et s’il fallait que j’inclue le prix des billets à 350 $ dans les rouges, c’est une soirée à plus de 1000 $. C’est déraisonna­ble », a souligné M. Sage. À ses côtés, son fils qualifiait plutôt la situation de « dérisoire ».

Flanqués de deux connaissan­ces de leur patelin, Stéphane Gamache et Simon Pouliot, ils étaient unanimes quant aux capacités de l’équipe. « Il y a un excellent gardien, une attaque peu puissante et des défenseurs méconnus. Il faut souhaiter qu’il y ait des surprises durant l’année », a soufflé l’un d’eux.

SPECTATEUR­S MÉCONTENTS

Hier, le Canadien a joué à guichets fermés une 542e fois de suite. Il faut remonter au 8 janvier 2004, face au Lightning de Tampa Bay, pour recenser la dernière fois où il n’a pas joué devant une salle comble.

En fin de soirée, les visages étaient longs à la sortie de l’édifice. Malgré les 42 tirs dans la défaite, l’équipe n’a pas impression­né.

« Je pars avant la fin de la partie parce que tout d’abord, je reste à Gatineau, donc je fais la route ce soir, mais aussi, car le spectacle a été pitoyable, a tonné Louis Bernard Bonneau, qui avait en sa possession un billet d’une valeur de 306 $ dans la section 123. Ça écoeure, car on n’en a pas pour notre argent. »

Aussi rencontrés à la sortie, Maxime D’Amour et Jonathan Trudel ont décidé de partir avant la sirène finale en raison du score.

« La première période était bonne, mais en deuxième et en troisième, ce n’était pas facile. Les gars ont manqué de chien. L’année va être longue avec les mauvaises décisions de la direction », ont indiqué ces fidèles partisans.

S’il fallait que ce laborieux début de campagne s’étire, la séquence à guichet fermé sera rapidement en danger. Pour l’instant, les sièges disponible­s sont très nombreux en prévision de la visite des Maple Leafs, samedi soir.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada