Pénurie de travailleurs spécialisés
Des entreprises s’inquiètent des postes à pourvoir dans la fabrication industrielle
Jamais la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur de la fabrication métallique n’a été si préoccupante. Plus de 6000 emplois seront à pourvoir d’ici 12 mois, a appris Le Journal à la Foire nationale de l’emploi, hier, à Montréal.
« C’est inquiétant. Ça vient affecter la marge de profit des entreprises. Il faudra être imaginatif pour combler ces emplois », prévient Claude Dupuis, directeur général du Comité sectoriel de la main-d’oeuvre dans la fabrication métallique industrielle.
ENCORE LES SOUDEURS
L’organisation qui représente plus de 3300 entreprises du secteur partout au Québec, mais surtout de la Montérégie, de Montréal et de Chaudière-Appalaches, ne cache pas son inquiétude face à cette rareté de travailleurs qui fait déjà mal aux compagnies de chez nous.
Les usines du Québec recherchent désespérément 2000 soudeurs et 1500 machinistes. Fabricants de moules, matriceurs et outilleurs sont également jalousement en demande, selon une enquête à paraître bientôt, dont Claude Dupuis a pu nous donner les grandes lignes.
« Ça crée une pression énorme. Ils vont devoir combler en partie par des heures supplémentaires et l’embauche de gens sans compétence qu’ils devront former à l’interne », ajoute-t-il. Selon lui, nos compagnies devront même faire appel à la sous-traitance et aller chercher à l’étranger des travailleurs qualifiés.
AVENIR MEILLEUR
Ana Luisa Iturriaga, directrice générale du Forum 20-20, un organisme d’employabilité de la Montérégie, estime que le phénomène touche l’ensemble du secteur manufacturier. « À Saint-Hyacinthe, 25 entreprises sont en détresse, car elles sont incapables de se trouver des employés », note-t-elle.
Parmi les centaines de chercheurs d’emplois qui sillonnaient les allées de la Foire nationale de l’emploi, hier, il y avait beaucoup de jeunes travailleurs ou d’immigrants en quête d’un avenir professionnel meilleur. « Je suis infirmier. Je travaille pour une firme dans le privé, mais je veux changer de carrière », a confié l’un d’eux, préférant ne pas dévoiler son identité.
Cette année encore, les régions du Québec ont mis le paquet pour vanter leur coin de pays et convaincre les immigrants de choisir leur patelin. Si certains avaient l’air de trouver ce jeu amusant, sans plus, d’autres le prenaient au sérieux, comme Harvey et sa fille.
« Trois-Rivières, Gatineau et Sherbrooke m’ont séduit. Dès que je trouve un emploi dans l’une ou l’autre de ces villes, je quitte Montréal et m’y installe pour de bon », a-t-il dit, l’oeil brillant.
« IL Y A UNE INQUIÉTUDE. ON NE SAIT PAS COMMENT CES POSTES-LÀ SERONT COMBLÉS. »