Le Journal de Montreal

Pénurie de travailleu­rs spécialisé­s

Des entreprise­s s’inquiètent des postes à pourvoir dans la fabricatio­n industriel­le

- FRANCIS HALIN

Jamais la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur de la fabricatio­n métallique n’a été si préoccupan­te. Plus de 6000 emplois seront à pourvoir d’ici 12 mois, a appris Le Journal à la Foire nationale de l’emploi, hier, à Montréal.

« C’est inquiétant. Ça vient affecter la marge de profit des entreprise­s. Il faudra être imaginatif pour combler ces emplois », prévient Claude Dupuis, directeur général du Comité sectoriel de la main-d’oeuvre dans la fabricatio­n métallique industriel­le.

ENCORE LES SOUDEURS

L’organisati­on qui représente plus de 3300 entreprise­s du secteur partout au Québec, mais surtout de la Montérégie, de Montréal et de Chaudière-Appalaches, ne cache pas son inquiétude face à cette rareté de travailleu­rs qui fait déjà mal aux compagnies de chez nous.

Les usines du Québec recherchen­t désespérém­ent 2000 soudeurs et 1500 machiniste­s. Fabricants de moules, matriceurs et outilleurs sont également jalousemen­t en demande, selon une enquête à paraître bientôt, dont Claude Dupuis a pu nous donner les grandes lignes.

« Ça crée une pression énorme. Ils vont devoir combler en partie par des heures supplément­aires et l’embauche de gens sans compétence qu’ils devront former à l’interne », ajoute-t-il. Selon lui, nos compagnies devront même faire appel à la sous-traitance et aller chercher à l’étranger des travailleu­rs qualifiés.

AVENIR MEILLEUR

Ana Luisa Iturriaga, directrice générale du Forum 20-20, un organisme d’employabil­ité de la Montérégie, estime que le phénomène touche l’ensemble du secteur manufactur­ier. « À Saint-Hyacinthe, 25 entreprise­s sont en détresse, car elles sont incapables de se trouver des employés », note-t-elle.

Parmi les centaines de chercheurs d’emplois qui sillonnaie­nt les allées de la Foire nationale de l’emploi, hier, il y avait beaucoup de jeunes travailleu­rs ou d’immigrants en quête d’un avenir profession­nel meilleur. « Je suis infirmier. Je travaille pour une firme dans le privé, mais je veux changer de carrière », a confié l’un d’eux, préférant ne pas dévoiler son identité.

Cette année encore, les régions du Québec ont mis le paquet pour vanter leur coin de pays et convaincre les immigrants de choisir leur patelin. Si certains avaient l’air de trouver ce jeu amusant, sans plus, d’autres le prenaient au sérieux, comme Harvey et sa fille.

« Trois-Rivières, Gatineau et Sherbrooke m’ont séduit. Dès que je trouve un emploi dans l’une ou l’autre de ces villes, je quitte Montréal et m’y installe pour de bon », a-t-il dit, l’oeil brillant.

« IL Y A UNE INQUIÉTUDE. ON NE SAIT PAS COMMENT CES POSTES-LÀ SERONT COMBLÉS. »

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PHOTO FRANCIS HALIN, JOURNAL DE MONTRÉAL

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