Ils prennent le métro avec le visage voilé
Manifestation contre la loi 62 à la station Snowdon
Des dizaines de personnes ont manifesté contre la loi sur la neutralité religieuse de l’État, hier, à la station de métro Snowdon.
Des protestataires couvrant leur visage avec des lunettes fumées et un foulard ont franchi les tourniquets de la station dans le quartier Côte-des-Neiges pour montrer leur opposition à la loi 62 dans le cadre d’un événement organisé par des militants de Québec solidaire.
La loi 62 stipule que les services publics, qui sont entre autres offerts dans les hôpitaux et les transports en commun, doivent être donnés et reçus à visage découvert au Québec.
KHADIR MÉCONTENT
Le député de Mercier pour Québec solidaire, Amir Khadir, a déploré au 24 Heures que le gouvernement québécois associe « le débat de la laïcité et de l’intégration à un débat qui n’a pas rapport, [soit] celui de l’apparence des femmes ».
« Toute cette question du niqab et de la burqa, c’est de la boue qui ne fait que troubler le débat sur les enjeux importants que sont la laïcité et l’intégration des minorités », a lancé le député, qui ajoute que seulement « quelques dizaines de femmes » portent un voile intégral au Québec.
Vendredi dernier, plusieurs manifes- tants ont dissimulé leur visage alors qu’ils faisaient la file pour monter dans un autobus de la Société de transport de Montréal afin de critiquer cette loi.
UNE LOI « MALADROITE »
Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal et expert en immigration, salue l’essence de cette loi, qui permettra entre autres « de bannir le voile intégral » dans la prestation des services publics dans les écoles et les hôpitaux. L’expert, qui se spécialise entre autres dans les communautés arabes immigrantes, estime toutefois que cette loi est « maladroite », car elle ratisse trop large en s’appliquant, entre autres, au transport en commun.
En point de presse hier, le maire Denis Coderre a d’ailleurs rejeté du revers de la main cette loi, qu’il refusera d’appliquer dans la métropole. « Je ne peux pas donner une pression supplémentaire à nos employés en ce sens », a-t-il déclaré avant d’inviter le gouvernement « à refaire ses devoirs ».
Confrontée aux multiples critiques qui ont fusé partout au pays à l’égard de la loi 62, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a indiqué à la Presse canadienne qu’elle s’apprête à rendre publiques les règles d’application concernant l’échange de services publics à visage découvert. -Avec Laurence Houde-Roy
Agence QMI