Couillard et son repli stratégique
Le dernier remaniement ministériel a permis au premier ministre Couillard de faire d’une pierre deux coups : 1. tasser Kathleen Weil du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) où elle était devenue un boulet pour le gouvernement et 2. transformer sa fameuse « consultation sur le racisme systémique » en un « forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination ».
LES IMMIGRANTS NE SONT PAS DUPES
Or, les immigrants ne sont pas dupes de ce repli stratégique. Les pressions étaient très fortes et les députés libéraux des régions ne se voyaient pas vendre cette patente de racisme systémique à leurs électeurs. Le résultat dévastateur de la partielle dans Louis -Hébert a fait le reste.
Donc ce revirement de dernière minute n’a rien d’une véritable « transformation ». Il y avait quelque chose de pathétique à l’entendre dire qu’il venait finalement de réaliser que le véritable enjeu de l’immigration était l’emploi. Vraiment ?
Pourtant, il y a sept mois, en février 2017, c’est lui-même qui disait que le taux de chômage de 6,2 % (en décembre 2016), était beaucoup plus élevé chez les immigrants, jusqu’à 15 % durant les 5 premières années de leur arrivée. Et qu’a-t-il fait pour corriger cette situation alors qu’il est au pouvoir depuis trois ans et demi ? Rien.
Et pour masquer son échec, il s’est lancé dans une fuite en avant avec sa consultation sur le racisme systémique, à un an de l’élection générale, avant de changer de discours pour des « actions concrètes et structurantes » en emploi.
LES RÉGIONS ÉCOPENT
Il ne peut pas non plus prétendre ignorer la pénurie de main-d’oeuvre qui frappe les régions du Québec, à Montréal, à Québec, en Beauce, en Montérégie, dans le Centre de Québec, au Saguenay, au Bas-Saint-Laurent, et ailleurs.
Là encore, c’est sa propre ministre du MIDI qui le contredit quand elle a avancé, le 7 mars 2016, le chiffre de 1,4 million d’emplois à pourvoir au Québec d’ici 2022. Elle prévoyait que 18 % de ces postes le seraient par des immigrants.
Le 13 octobre dernier, la présidente de l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec, Lucie Tremblay, admettait que les besoins étaient criants dans le réseau de la santé alors que 1000 infirmières formées à l’étranger étaient en attente d’entreprendre leur programme d’intégration professionnelle.
Déjà, en mars 2015, le député libéral de Beauce-Sud, Robert Dutil sonnait l’alarme, « La région connaît une pénurie de maind’oeuvre qui affecte tous les secteurs d’activité (...). Les difficultés de recrutement risquent d’affecter leur croissance et celle de notre économie. Les personnes immigrantes sont généralement très attirées par les grandes villes, mais elles pourraient découvrir un milieu de vie très enrichissant dans les régions comme la Beauce »
Robert Dutil avait raison. D’où l’importance de la régionalisation de l’immigration comme mesure d’atténuation de la pénurie de main-d’oeuvre. Et qu’a fait l’homme des « vraies affaires » ?
Il a imposé un régime d’austérité au MIDI pour qu’il ferme sept de ses bureaux régionaux, notamment à Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke et Gatineau et fusionne ceux de Montréal, Laval et la Montérégie. Une coupe budgétaire de 4,6 millions de dollars, par année.
C’est ce bilan peu reluisant que Couillard essaie de cacher par ses gesticulations de racisme systémique, à une clientèle captive, par défaut, du vote libéral.