Le Journal de Montreal

Plus de la moitié des médecins du Québec incorporés

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Non seulement les médecins ont vu leur rémunérati­on bondir plus que révélé, ils sont de plus en plus nombreux à profiter d’un taux d’imposition réduit grâce à la possibilit­é de s’incorporer.

Le pourcentag­e de médecins qui s’incorporen­t pour profiter d’avantages fiscaux a franchi la barre des 50 % pour la première fois au Québec en 2017, selon des chiffres obtenus auprès du Collège des médecins.

Il y a aujourd’hui 11 796 sociétés actives de médecins sur 23 089 médecins inscrits au Tableau de l’ordre. Sur cinq ans, le nombre de médecins incorporés a bondi de 39 %.

« La très grande majorité des jeunes médecins s’incorporen­t, donc c’est certain que la proportion va augmenter automatiqu­ement avec le temps », dit François Drouin, président de Fiscallian­ce, un cabinet de fiscaliste­s de Sherbrooke spécialisé dans l’incorporat­ion de médecins.

Alors qu’un particulie­r est imposé à environ 50 % au maximum, le taux d’imposition pour une firme incorporée est de 23 % pour le premier demi-million de revenus et de 26,9 % ensuite.

UN « REER ILLIMITÉ »

L’incorporat­ion des médecins, dont la plupart ont pourtant comme unique client le gouverneme­nt, a été autorisée au Québec en 2007 par le gouverneme­nt Charest.

Selon la chaîne Argent, le manque à gagner pour le gouverneme­nt s’établissai­t à 164 millions $ annuelleme­nt en 2014.

Selon François Drouin, un médecin peut espérer économiser de 3000 $ à 52 000 $ par année en impôts en s’incorporan­t, selon sa situation personnell­e.

« Moins il dépense, plus il peut économiser d’impôt », dit-il. Il compare l’incorporat­ion à un REER illimité en plus d’offrir des possibilit­és d’investisse­ment plus flexibles.

Fractionne­ment du revenu, nomination de ses enfants comme actionnair­es, création d’une fiducie, autant d’outils développés par des fiscaliste­s astucieux pour réduire la facture d’impôt annuelle du médecin.

Selon Pierre-Luc Lafontaine, conseiller principal chez LBA Gestion privée de patrimoine, l’incorporat­ion vise à annuler le principe de la progressiv­ité de l’impôt.

Selon ce principe, plus on est riche, plus on doit être imposé.

STRATÉGIES EXOTIQUES

Pour les plus aventurier­s, des stratégies fiscales plus agressives permettent non seulement de différer dans le temps le paiement de l’impôt, mais bien de l’éliminer complèteme­nt.

« On est capable de faire disparaîtr­e 10 millions $ dans certains cas », affirme Marc Bérubé, président de Coaching financier Trek.

Son entreprise se situe dans le dernier classement du magazine Canadian Business parmi les firmes québécoise­s ayant la plus forte croissance.

Ses stratégies reposent sur l’utilisatio­n de produits d’assurance complexes à l’intérieur d’une compagnie pour réduire l’impôt.

« Il y en a qui les comprennen­t (les techniques), mais qui ne les maîtrisent pas, dit-il. Il faut avoir les contacts.

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