Une relation de la mafia pourra s’installer à la Grande Roue
La Société du Vieux-Port n’a pas l’intention d’écarter le traiteur Steve Vogl
La Société fédérale du Vieux-Port de Montréal n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit pour chasser la relation de la mafia qui a remporté le contrat de traiteur de la nouvelle Grande Roue, sur son site.
La Société (SVPM) affirme en fait que rien ne lui permet de le faire. « C’est au-delà de notre prérogative, dit Jimmy Laforge, porte-parole de l’organisme fédéral. Toutefois, nous avons communiqué nos exigences à La Grande Roue de Montréal en matière de qualité de service et de respect des lois. Et cette dernière nous a assurés par écrit de son intention de s’y conformer. »
RENCONTRES AVEC LA PÈGRE
Notre Bureau d’enquête révélait hier que l’entrepreneur ayant remporté le contrat de restauration au pied de l’attraction vedette du Vieux-Port avait été photographié par la police en 2015 dans des réunions avec des chefs de la mafia montréalaise, dont l’avocat Leonardo Rizzuto, le fils de l’ancien parrain Vito Rizzuto.
Steve Vogl a aussi à son actif un lourd passé criminel : des tribunaux de New York et Montréal l’ont condamné pour trafic de drogue et vol à main armée dans les années 1980 et 1990.
En 2004, la Régie des alcools et des jeux lui refusait un permis de bar à cause de ses antécédents.
BISTRO ET CAFÉ
Vogl doit pourtant ouvrir le Bistro de La Grande Roue et le Café de La Grande Roue, qui offriront des pizzas, salades, poutines et sandwichs aux visiteurs de l’attraction. Le site internet de l’attraction indique que ces établissements ouvriront « bientôt ».
Pour les spécialistes du crime organisé, la SVPM devrait pourtant porter une attention toute particulière aux accointances des entrepreneurs actifs sur son site.
La présence de Vogl, « ça illustre très bien la force du crime organisé : son réseau, autant dans le milieu criminel que dans les milieux d’affaires », dit André Cédilot. Avec l’ancien enquêteur à la commission Charbonneau André Noël, il vient de signer un nouveau livre sur la pègre : Gangsters et mafiosi, cent ans de crime organisé au Québec.
Pour eux, la SVPM aurait dû redoubler d’attention, après les révélations des dernières années sur l’infiltration de la mafia dans la construction et les travaux publics.
« Quand je vois qu’ils ne se soucient pas de l’identité des fournisseurs… Même le ministère des Transports du Québec, qui est pourtant loin d’être un modèle, fait ce travail ! » déplore André Noël.
La ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, Carla Qualtrough, responsable de la SVPM, n’a pas voulu commenter la situation.