Un « deal » en or pour Airbus
Non seulement Airbus n’a pas payé une cenne pour devenir l’actionnaire majoritaire de la C Series, mais en plus l’avionneur européen s’est fait octroyer un bloc de 100 millions de bons de souscription à un prix d’exercice de 2,29 $ l’action de Bombardier. Ce prix d’exercice était basé sur le cours de l’action juste avant l’annonce.
Au prix actuel de l’action de Bombardier, soit 2,83 $, cela signifie que le géant européen de l’aéronautique a déjà accumulé sur papier un bénéfice de 54 millions de dollars.
On résume le « deal » : ainsi Bombardier cède gratuitement à Airbus 50,01 % des parts de la Société en commandite Avions C Series (SCACS), en plus d’un bloc de 100 millions de bons de souscription d’une valeur de 54 millions $, qui, une fois exercé, accordera à Airbus le contrôle de 5 % de Bombardier.
Quand on pense que le développement de la C Series a nécessité jusqu’à maintenant des investissements de 6,8 milliards $ US, chapeau aux négociateurs d’Airbus !
QUÉBEC ET LA CAISSE
À comparer à l’entente que la direction d’Airbus a conclue avec Bombardier, le gouvernement Couillard et la Caisse de dépôt et placement du Québec font piètre figure avec leurs ententes. Un rappel s’impose.
Il y a deux ans, le 29 octobre 2015, Bombardier annonce que le gouvernement du Québec vient d’investir 1 milliard $ US dans la C Series. En retour de cet investissement, Québec obtient initialement 49,5 % de la Société en commandite Avions C Series (SCACS) et un bloc de bons de souscription lui permettant d’acquérir 200 millions d’actions de Bombardier au prix d’exercice de 2,21 $ l’action.
Le prix d’exercice représente à l’époque une forte prime de 38 % par rapport au cours moyen de l’action (1,60 $) lors des précédentes séances.
Pis encore, lors de l’annonce de l’entente « définitive », en juin 2016, on apprend que Québec avait finalement accepté de se faire couper de moitié son bloc de bons de souscription, celui-ci passant de 200 à seulement 100 millions.
Pour sa part, la Caisse de dépôt et placement du Québec n’a guère obtenu une meilleure entente au chapitre des bons de souscription, au contraire.
Lors de l’annonce de son investissement de 1,5 milliard $ US dans Bombardier, le 19 novembre 2015, la Caisse obtient 30 % de la Division Bombardier Transport et un bloc de bons de souscription lui permettant d’acquérir 106 millions d’actions de Bombardier au prix d’exercice de 2,21 $.
À l’époque, l’action de Bombardier se négocie autour de 1,28 $. On parle donc d’une prime de l’ordre de 72 %.
AU BORD DU GOUFFRE
Alors pourquoi Québec et la Caisse ont-ils accepté de se faire octroyer des bons de souscription à prime si élevée ?
C’est d’autant plus inacceptable que Bombardier était à l’époque (automne 2015) au bord du gouffre.
Québec et la Caisse n’avaient aucune raison valable de payer éventuellement une si forte prime pour acquérir des actions de Bombardier alors qu’ils y investissaient 2,5 milliards $ US pour sauver l’entreprise.
Aujourd’hui, Québec et la Caisse se retrouvent avec le même nombre de bons de souscription de Bombardier qu’Airbus… qui n’a pas mis une cenne noire, tout en devenant l’actionnaire majoritaire de la C Series. Et Québec ne détient plus que 19 % de la C Series !