Le Journal de Montreal

La légende du numéro 8

- JOHN LIMNIATIS john.limniatis@quebecorme­dia.com

Le résultat n’avait pas d’importance, dimanche. Tout ce qui comptait vraiment, c’était de souligner que Patrice Bernier foulait un terrain de soccer en tant que joueur profession­nel pour la dernière fois.

En cet après-midi d’octobre, il a bouclé la boucle en redevenant un joueur amateur qui, s’il le veut, pourra jouer dans la ligue des anciens du bleublanc-noir.

Pour le sport dans notre province, voire dans notre pays, Patrice est très important. Parce que même si le soccer se joue ici depuis très longtemps, le sport a besoin de héros comme lui pour s’ancrer dans la culture populaire. Notre soccer national a besoin de son Maurice Richard pour s’épanouir pleinement.

Patrice vient d’une famille où on mange du soccer. Son père Jean a été très engagé d’un point de vue administra­tif au Québec. Son épouse Mélisa a aussi joué à un bon niveau. Bref, même si le hockey a aussi pris une place importante il y a quelques années, le soccer demeure roi chez les Bernier.

Ces dernières semaines, on parle beaucoup de sa carrière et de ses exploits en tant que joueur. Mais un fait demeure encore plus important pour moi : Patrice est un exemple de profession­nalisme. Sur le terrain et dans le vestiaire, il est intense, mais sans jamais dépasser les bornes ou hurler après ses coéquipier­s. J’en conviens, en ce sens, il est bien différent de moi.

D’un point de vue humain, il est aussi irréprocha­ble. Patrice est une très bonne personne et ses parents, sa famille et les partisans ont raison d’être fiers de lui.

En ce sens, je pense pouvoir me faire le porte-parole de beaucoup de gens : merci Patrice pour ta grande contributi­on au soccer d’ici.

PASSATION DES POUVOIRS

Dans l’histoire de l’Impact, trois joueurs ont marqué le club en portant le numéro 8. Bernier, Gabriel Gervais et moi-même avons eu une influence sur le soccer québécois en général et l’histoire du bleu-blanc-noir.

En 1993, j’ai été le premier joueur à porter ce numéro, et ce pour plusieurs années. Gervais a pris le relais tout juste avant Bernier. Trois Québécois, trois joueurs qui avaient des standards élevés, trois joueurs qui ont un jour porté le brassard de capitaine.

De plus, je pourrais dire que nous avons tous trois joué à des positions similaires, au milieu du terrain. Gervais était un arrière central, Bernier un milieu et j’étais un peu des deux... avec un petit penchant pour la défense.

Au soccer, les numéros se passent de joueur en joueur. Il est rare qu’un club retire un chandail comme au hockey. Ça crée une tradition qui pousse ceux qui enfilent le maillot à la suite d’une légende d’offrir une performanc­e à la hauteur des attentes.

AU TOUT DÉBUT

Ce dimanche, en regardant Patrice jouer son dernier match, je me suis remémoré son tout premier avec le XI montréalai­s.

À cette époque, je portais aussi l’uniforme bleu-blanc-noir et j’ai assisté du terrain à ses premières minutes avec le club.

Comme coéquipier à ses débuts. Je me rappelle d’un joueur qui faisait preuve d’une tonne d’enthousias­me et qui était très agile, très athlétique. De plus, peut-être parce qu’il était dans la jeune vingtaine, Patrice avait un moteur, une résistance à l’effort extraordin­aire

Par contre, comme tous les jeunes joueurs, il avait besoin de peaufiner son jeu tant du point de vue technique que tactique. Rien d’alarmant. En fait, c’était une situation tout à fait normale.

En tant qu’entraîneur et partisan, on devrait se remémorer cette situation chaque jour. Ça nous aiderait à remettre les débuts de nos jeunes joueurs en perspectiv­e. On ne construit pas une légende en un seul jour.

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Le soccer a besoin de héros comme Patrice Bernier pour s’ancrer dans la culture populaire.
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