Le Journal de Montreal

S.O.S. 9-1-1

- JOSÉ THÉODORE jose.theodore@quebecorme­dia.com – Propos recueillis par Gilles Moffet

Avant le séjour du Canadien en Californie, la semaine dernière je vous disais qu’il n’était pas encore temps de paniquer. Aujourd’hui, il faut composer le 9-1-1 et lancer un S.O.S. Ça prend un coup de théâtre.

Ça va mal. Le voyage du Canadien a été un désastre et sa saison est déjà compromise. L’équipe a atteint le fond du baril, mais parfois, c’est ce que ça prend avant de remonter. Espérons-le. Évidemment, ça doit commencer avec de meilleures performanc­es de Carey Price, mais j’ai vu assez de hockey dans ma vie pour comprendre que lorsqu’une équipe ne répond pas, il s’ensuit de grands changement­s et voilà où nous en sommes rendus.

Le problème, c’est que si le directeur général Marc Bergevin veut réaliser un gros échange, il se retrouve en position de faiblesse compte tenu du rendement de son équipe. Je ne sais pas s’il est dans la course pour Matt Duchesne, mais il est évident que le directeur général de l’Avalanche du Colorado, Joe Sakic, demande le gros prix pour Duchesne, sinon il serait déjà parti.

Or, si Bergevin veut Duchesne, la situation actuelle fait en sorte que Sakic ne baissera certes pas son prix. Bergevin, qui dit qu’il est difficile de réaliser des transactio­ns, est quelque peu menotté.

Et Bergevin paraît mal pour l’instant. Même s’il lui reste encore beau- coup d’espace sur la masse salariale, il n’a pas réussi à remplacer Alexander Radulov et Andreï Markov. On en voit les effets néfastes et, ne lui en déplaise, la défense du Canadien n’est pas meilleure que l’an dernier.

La blessure de Price a gâché la saison 2015-2016, Michel Therrien a été congédié l’an dernier et le début de saison actuel est affreux. De plus, le repêchage du Canadien n’a pas rapporté gros dans les dernières années. Alex Galchenyuk est encore un mystère et le plus bel espoir, le défenseur Mikhail Sergachev, a été le prix à payer pour obtenir Jonathan Drouin.

Cela dit, le Canadien est une meilleure équipe que ce qu’on a vu jusqu’ici, ne serait-ce qu’en raison de Price qui peut faire beaucoup mieux, mais il est difficile d’évaluer le Canadien sans le vrai Carey Price. Tout passe par lui et il a toujours faussé la donne.

Il n’est pas le seul responsabl­e des déboires actuels de l’équipe, mais si ça peut paraître injuste, son statut fait en sorte qu’il lui appartient de stopper l’hémorragie. C’est la responsabi­lité d’un joueur de concession.

UNE QUESTION D’ÉVALUATION

Une chose est certaine, Bergevin et Geoff Molson croient qu’ils ont une bonne équipe, sinon Therrien n’aurait pas été congédié l’an dernier, alors que le Canadien occupait le premier rang de sa division.

La grande question en est une d’évaluation. Croient-ils avoir une chance de dominer dans les trois ou quatre prochaines années ? Si c’est le cas, il faut oser et bouger comme le faisait Serge Savard à l’époque ou, encore, comme l’a fait récemment Jim Rutherford, avec les Penguins de Pittsburgh.

Sinon, il faut accepter de reculer et préparer l’avenir avec la jeunesse, car on risque de revoir le même scénario que l’on voit depuis 20 ans, alors que je faisais mes débuts avec le Canadien, soit celui de présenter, année après année, une équipe correcte sans vraiment avoir un plan directeur.

L’EFFET BOULE DE NEIGE

Je comprends la frustratio­n qu’éprouve Carey Price, mais il y a un peu de malchance dans son cas. Il est victime de déviations et de jeux imprévisib­les plus souvent que la normale. Ce sont des choses qui arrivent, mais qui finissent par affecter la confiance et provoquer un effet boule de neige. C’est dangereux. À lui de se ressaisir.

Lorsqu’une équipe ne répond pas, il s’ensuit de grands changement­s

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PHOTO AFP Il est difficile d’évaluer le Canadien lorsque Carey Price n’est pas à son mieux.
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