David et Vallée en contradiction sur le visage couvert en classe
Les ministres ne s’entendent pas sur l’application de la loi dans les universités
QUÉBEC | Le gouvernement Couillard peine à expliquer la portée de la loi sur la neutralité religieuse de l’État, alors que les ministres Vallée et David se contredisent sur son application dans les universités.
« Il n’y a pas de contradiction dans les propos de ma collègue. [...] Dans une salle de classe, l’esprit du projet de loi est à l’effet que la prestation de service par l’enseignant et la réception de service est à visage découvert », a lancé la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, hier, à la sortie du Conseil des ministres.
La veille, Mme Vallée martelait, lors d’un long point de presse de mise au point, que « la réception d’un cours dans un collège, dans une université, dans une école secondaire, elle est à visage découvert parce qu’il y a une communication qui est essentielle entre l’enseignant, entre le professeur et l’étudiant ».
GROSSES SALLES DE CLASSE
La ministre de l’Enseignement supérieur Hélène David défend plutôt la particularité du réseau universitaire puisqu’il comporte de larges classes où cette communication est à sens unique.
« Il y a toutes sortes de cas de figure, des tout petits groupes aux immenses amphithéâtres ; des étudiants qui ne communiquent pas du tout parce que tu as 350 étudiants devant toi et il n’y a pas d’interaction; c’est très différent d’une direction de thèse, d’une soutenance de thèse, d’un séminaire de maîtrise », indiquait Mme David.
Le ministre des Ressources naturelles et juriste d’expérience Pierre Moreau faisait la même lecture que Mme David : « Il est très clair qu’un professeur dans une université qui a un auditorium de 500 personnes n’établit pas la même relation de communication qu’un professeur qui a trois personnes dans sa classe. » « L’interprétation qui serait donnée par un tribunal pourrait fort bien être différente dans ce cas-là, mais ça ne rend pas la règle incompatible », a-t-il ajouté.
« NE PAS CHERCHER LA PUCE »
De son côté, Mme Vallée a voulu se faire rassurante et a conseillé aux journalistes de ne pas chercher des défauts à sa loi. « Il ne faut pas chercher la puce, les petits pépins, les petits problèmes. Ma collègue comprend bien l’esprit de la loi, ne cherchez pas la bisbille », a-t-elle expliqué.
La loi sur la neutralité de l’État a été adoptée la semaine dernière et a immédiatement semé la controverse lorsque Mme Vallée a affirmé qu’une personne ne pourrait plus se cacher le visage dans les autobus avec un voile, un bandana ou même des verres fumés.