Le harcèlement existe aussi en science
Quand on parle d’inconduite sexuelle, le monde de la science ne fait pas exception au monde des arts. C’est particulièrement vrai dans cet univers où les hommes dominent les rangs.
« C’est au moins aussi important que dans le milieu artistique, croit Maryse Lassonde, coorganisatrice du congrès Gender Summit et directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec. Quand j’ai commencé ma carrière il y a quarante ans, les professeurs flirtaient ouvertement avec les jeunes étudiantes. »
L’événement Gender Summit accueille 600 scientifiques du monde entier au Centre Sheraton de Montréal cette semaine pour discuter des enjeux entourant la discrimination sexuelle en science.
ÉVOLUTION LENTE
Les invités se questionnent sur la place des femmes et des minorités dans ce domaine majoritairement masculin.
Les choses ont évolué tranquillement avec les années. Les commentaires sexistes et les professeurs qui draguent leurs étudiantes n’ont pas disparu, selon la directrice.
« Il y a eu des cas au Canada où les professeurs n’ont pas été renvoyés. Ça s’est réglé hors cour en faisant signer des papiers à l’étudiante comme quoi elle ne ferait pas de dénonciation publique. »
Le même modèle que dans le domaine des arts se dessine.
« Vous avez des vedettes qui se servent de leur pouvoir pour établir une relation dont vous ne voulez pas, dénonce Mme Lassonde. Et quand vous avez une star qui vous rapporte plein de subventions, vous ne voulez pas la perdre. L’université peut dans certains cas protéger plus le professeur que l’étudiante », dit Mme Lassonde.
HARCÈLEMENT SEXUEL
Le Québec ne fait pas exception. Il y a trois ans, des étudiantes avaient apposé des autocollants sur les portes de trois professeurs de l’UQAM, les accusant de harcèlement sexuel.
Le Journal a également révélé en février qu’au moins trois professeurs ont été sanctionnés pour inconduites sexuelles au Québec. Mais le portrait n’est pas complet étant donné que des universités avaient refusé de donner accès à l’information.
Les inconduites sexuelles sont toujours taboues parmi les universitaires, selon la titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie au Québec à l’Université de Sherbrooke, Ève Langelier.
« Quand tu es dans un milieu d’hommes, vers qui tu te tournes pour en parler ? », demande la professeure. Elle aussi a déjà entendu parler de cas d’inconduites sexuelles où les victimes ont préféré garder le silence.
La parité entre les hommes et les femmes dans les sciences aiderait à minimiser les cas de harcèlement sexuel, estime la professeure.