« On est content qu’il soit là »
Le gouvernement Couillard croule sous le poids des controverses, peine à se remettre de la raclée de Louis-Hébert et à rassurer les députés inquiets de ses maigres appuis chez les francophones. Mais la femme à qui il a confié la tâche de piloter le navire électoral paraît inébranlable.
Josée Lévesque est une « femme de l’ombre » qui assumera à nouveau la lourde tâche d’organisatrice en chef du Parti libéral du Québec pour la prochaine élection.
Âgée de 51 ans, elle est une « pure laine » dont l’implication remonte à la course à la direction qui a finalement couronné Daniel Johnson en 1994.
Depuis, elle a été organisatrice pour l’Est du Québec lors de la course à la chefferie de Philippe Couillard, puis, organisatrice de la campagne victorieuse de 2014.
Lors d’une rencontre que nous avons sollicitée, Josée Lévesque se montre impatiente de lancer tous les éléments stratégiques, plan de communication, tournée du chef, des ministres « vedettes » pour remporter le scrutin.
Elle ponctue plusieurs réponses de rires spontanés et bouge sur sa chaise, comme si elle disposait de plus d’énergie que pouvait en contenir son enveloppe corporelle.
LEGAULT LE POINT FAIBLE
La montée de la CAQ, son discours sur les familles et la nécessité de changement devraient l’inquiéter, non ?
« Pas du tout », lance-t-elle frondeuse.
Selon elle, la CAQ ne peut tout simplement pas incarner la « fraîcheur » que sous-entend un vent de changement.
« Pas avec François Legault… on est content qu’il soit là », échappe même Mme Lévesque en s’esclaffant.
En septembre 2006, le whip du gouvernement, Norman MacMillan, s’était fait gronder pour avoir fait preuve d’excès de confiance en public tout juste avant la rentrée.
Recourant à une image pugilistique, il avait prédit que le nouveau chef péquiste, André Boisclair, se ferait passer le « TKO » par Jean Charest « drette la première journée ».
En politique, il est parfois dangereux de montrer qu’on sous-estime son vis à vis.
L’ADVERSAIRE
Mais malgré les sondages, Josée Lévesque n’est pas encore prête, même, à identifier la CAQ comme le principal adversaire.
« Dans certaines régions, ils ne sont pas là (…) et ils sont tellement électoralistes, les gens le voient. »
Admettant que les circonscriptions de Québec et de la Mauricie constituent la clé de la victoire, elle croit que Philippe Couillard conduira les troupes à un autre mandat de gouvernement.
« Il est super intelligent (…) il écoute beaucoup. Il comprend rapidement et pose les bonnes actions. »
La directrice de campagne soutient aussi que son chef est plus « chaleureux » et « drôle » dans ses contacts sur le terrain que l’image qu’il projette.
Elle rappelle qu’au déclenchement de la campagne de 2012, M. Couillard traînait à neuf points derrière Pauline Marois, qu’il a finalement coiffée au poteau.
Visiblement ébranlés, les députés libéraux se laisseront-ils gagner par l’intrépidité de l’organisatrice ?