Le Journal de Montreal

Un audioproth­ésiste échappe à 327 chefs d’infraction

- ÉRIC YVAN LEMAY Contacté par notre Bureau d’enquête, l’audioproth­ésiste n’a pas commenté.

Un audioproth­ésiste qui faisait face à des centaines de chefs d’infraction disciplina­ire, notamment d’avoir surfacturé la CSST, a pu s’en sortir à bon compte et recommence­r à travailler à cause des bourdes du syndic.

François Laplante a pu reprendre sa pratique à sa clinique de Sherbrooke, il y a un mois, après avoir été radié d’urgence en décembre dernier.

Notre Bureau d’enquête avait révélé en janvier qu’il avait pu continuer à facturer des appareils auditifs à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) pendant 25 ans, malgré six condamnati­ons par son ordre profession­nel. Il avait toutefois perdu ce droit une semaine après sa radiation provisoire.

Or, en septembre dernier, il a bénéficié d’un arrêt des procédures dans un dossier où il faisait face à 327 chefs d’accusation touchant 87 patients.

La raison : le syndic adjoint qui a porté plainte a multiplié les erreurs.

André Bard a perdu la trace de certains documents et courriels obtenus dans le cadre de l’enquête, en a jeté certains autres, a mélangé des dossiers d’enquête et n’a pas transmis l’ensemble des éléments de preuve à l’accusé.

« PERDU DANS SA PAPERASSE »

Dans sa décision, le conseil de discipline dit que le syndic s’est « perdu dans sa paperasse » et qu’il ignore même sur quoi il s’est basé pour porter plainte.

« Le conseil juge que le comporteme­nt du plaignant [syndic] l’oblige à arrêter cette parodie de justice qui ternit l’image de la justice administra­tive », peut-on lire dans la décision du 13 septembre dernier.

Pourtant, le dossier avait été soumis à l’Ordre par la CSST, qui avait détecté des problèmes dans la facturatio­n de plusieurs patients. François Laplante avait lui-même reconnu la surfactura­tion qu’il a attribuée à une erreur de secrétaria­t.

Le profession­nel a toutefois été reconnu coupable de 153 chefs d’infraction dans un autre dossier disciplina­ire en mai dernier, notamment concernant de fausses réclamatio­ns à la CSST et de fausses inscriptio­ns aux dossiers des patients.

19 MOIS DE RADIATION

François Laplante a été condamné à des radiations totalisant 19 mois en juillet. Il a toutefois décidé de porter en appel une partie des accusation­s déposées contre lui concernant la fausse facturatio­n à la CSST, qui porte maintenant le nom de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Il s’est également adressé au Tribunal des profession­s pour faire suspendre sa radiation provisoire, qui avait débuté le 7 décembre dernier.

Cette demande lui a été accordée, si bien qu’il a pu recommence­r à travailler, notamment dans sa clinique de Sherbrooke.

Newspapers in French

Newspapers from Canada