Le Journal de Montreal

Les filles poussées vers des jobs moins payés

Leur choix de carrière se dessinerai­t dès la prématerne­lle selon des chercheuse­s québécoise­s

- PRISCA BENOIT

Dès la petite enfance, on apprend aux fillettes à se tourner vers des métiers moins bien payés que les hommes, ont remarqué des chercheurs.

« Quand les filles choisissen­t une profession, le salaire n’est pas leur premier critère, lance d’emblée la directrice de l’Institut femmes, sociétés, égalité et équité (IFSEE) de l’Université Laval, Hélène Lee-Gosselin. Il faut leur rappeler l’importance de l’autonomie financière. »

La professeur­e a participé à un panel au Gender Summit, qui s’est terminé hier à Montréal. L’événement explorait l’équité entre les hommes et les femmes, particuliè­rement dans le domaine des sciences. Elle y a parlé de l’importance de la diversité dans les différents métiers.

PETIT SALAIRE

Dans ses recherches, Mme Lee-Gosselin avait observé que parmi les profession­s qu’occupent les femmes, seulement une offre un salaire médian plus élevé que chez l’homme, soit assistant d’enseigneme­nt et de recherche au niveau postsecond­aire. De plus, un seul autre métier, planificat­eurs de congrès et d’événements, a un salaire médian égal entre les deux sexes.

Pour augmenter leurs capacités financière­s, les femmes devraient donc se tourner vers des métiers occupés traditionn­ellement par des hommes, suggère la professeur­e.

Si on retrouve autant de femmes dans le domaine des soins infirmiers, comme édu- catrices à la petite enfance ou comme enseignant­es au primaire, c’est que toute la socialisat­ion des filles les mène vers le même type de profession, explique Mme Gosselin.

Au contraire, les métiers les mieux payés chez les hommes, comme les cadres supérieurs ou les postes en génie et en informatiq­ue sont toujours peu accessible­s pour les femmes, d’après une étude de l’économiste québécoise Ruth Rose.

STÉRÉOTYPE­S

Tous les stéréotype­s entourant les profession­s féminines ou masculines sont appris aux enfants dès l’enfance, selon la professeur­e en science de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Anne Roy.

Déjà, avec les jeux qu’on propose aux enfants au préscolair­e, on peut avoir une incidence sur le choix de carrière des tout-petits.

« Les filles n’ont pas assez d’expérience dans des jeux qui font appel à leur travail intellectu­el, constate la professeur­e. On leur demande encore trop souvent de travailler avec des poupées ou à la cuisine. »

À niveau d’estime égal, les filles vont quand même trouver qu’elles ne sont pas assez bonnes pour aller en science contrairem­ent aux garçons, explique Anne Roy.

La façon dont les éducateurs félicitent leurs élèves a aussi une incidence sur leur estime personnell­e.

« Combien de fois on entend : “c’est beau ma petite fille” tandis que pour les garçons, ça va être : “mon grand ou mon champion ?” » demande-t-elle.

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Le choix des mots qu’on utilise avec les enfants influence grandement leur perception d’eux-mêmes, selon la professeur­e en science de l’éducation à l’UQTR, Anne Roy. PHOTO PRISCA BENOIT

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