Le Journal de Montreal

L’ALBUM DE LA CONFIRMATI­ON

Non, Sam Smith n’est pas un feu de paille. The Thrill of it All le prouve

-

Chaque fois qu’un inconnu obtient un succès planétaire, comme Sam Smith avec Stay With Me en 2014, on se demande si on a affaire à une étoile filante. Avec The Thrill of it All, le jeune crooner britanniqu­e prouve qu’il a sa place au firmament.

Ce second album n’a rien de révolution­naire et ne figurera probableme­nt pas dans bien des top 10 de fin d’année – pas dans le mien en tout cas –, mais en conservant et raffinant la recette utilisée dans In the Lonely Hours, Smith confirme que sa voix résonnera longtemps.

Ça demeure donc de la pop épicée de soul, bien faite sans être transcenda­nte. Les choeurs sont omniprésen­ts. Presque tous stratégiqu­ement insérés aux trois quarts de la chanson, avant le crescendo final. C’est réussi la plupart du temps, on pense à l’ensemble gospel du single Too Good at Goodbyes, mais ça devient vite redondant.

À ces élans grandioses, j’ai de loin préféré la fragilité de Say it First. Ou encore la délicate ballade au piano Pray, ma préférée, où Smith fait cette fois une utilisatio­n judicieuse de sa chorale.

L’AMOUR, TOUJOURS L’AMOUR

Encore une fois, Smith chante l’amour. Celui qui fait mal.

Son inspiratio­n, a-t-il confié en entrevue, serait la fin d’une relation de cinq mois avec un homme et les dommages collatérau­x qui ont suivi. Avec pour résultat que les dix pièces de l’album (14 dans la version deluxe) deviennent la chronique d’un coeur brisé.

On ose à peine imaginer le nombre de chansons que ce garçon va pondre quand il sortira d’une relation de plusieurs années.

Dans Too Good at Goodbyes, il confie son refus de s’engager par peur d’avoir mal. One Last Song revient quant à elle sur l’homme qui lui a inspiré les chansons de son premier album. « Peut-être qu’un jour, je ne chanterai plus à ton sujet », lui lance Smith. Permettez-nous d’en douter.

MANQUE D’ÉMOTION

Tout cela est bien triste. Or, le grand paradoxe avec The Thrill of it All est qu’aussi intimes et déchirante­s soient les histoires que nous raconte Smith, l’émotion n’en jaillit que trop rarement.

On aurait aimé ressentir davantage sa douleur, avoir les larmes au coin de l’oeil comme lorsque Amy Winehouse quittait son amant dans Back to Black. Ou comme Piaf dans l’ensemble de son oeuvre.

Sam Smith pourra-t-il accéder un jour à ce niveau supérieur ? On s’en reparle à sa prochaine rupture.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada