Le Journal de Montreal

Les Québécois sont champions de l’absentéism­e au travail

Les employés de la province manquent en moyenne un jour par mois

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Les Québécois sont les champions du pays de l’absentéism­e au travail et manquent en moyenne 12 jours par année, révèlent des données « inquiétant­es » de Statistiqu­e Canada.

Non seulement les Québécois sont-ils ceux qui s’absentent le plus au Canada, mais leur taux d’absentéism­e pour des raisons médicales, familiales ou personnell­es ne cesse d’augmenter depuis 2012 (où la moyenne était de 10,7 jours manqués).

Les données publiées dans le cadre de l’Enquête sur la population active de Statistiqu­e Canada peignent un portrait peu encouragea­nt du bien-être des travailleu­rs québécois, autant dans le secteur public que privé, souligne le Dr Charles Sounan, chef de la Division de la recherche et du bien-être du Centre universita­ire de santé McGill.

« La situation est très inquiétant­e, et elle risque en plus de s’empirer au cours des prochains mois et années. Il faut absolument que les employeurs du secteur public et privé amènent des changement­s à la qualité de leurs milieux d’emploi parce qu’on ne peut garder le statu quo », analyse le chercheur.

Selon lui et plusieurs autres experts consultés par Le Journal, la présence excessive de stress est un facteur très important dans l’absentéism­e des travailleu­rs. Or, on remarque que les patrons sont de plus en plus exigeants, mais ne fournissen­t pas nécessaire­ment les ressources nécessaire­s pour réduire le stress.

Les réformes majeures, et surtout subites, dans les secteurs de la santé et de l’éducation au cours des dernières années ont aussi généré un stress important chez les employés touchés, ajoute le Dr Sounan.

PLUS DE FEMMES

Autre constat frappant : depuis quelques années, les femmes s’absentent en moyenne quatre jours de plus par année que les hommes (14,1 jours pour les femmes contre 10,3 pour les hommes).

Selon Angelo Soares, professeur au départemen­t de ressources humaines de l’UQÀM, cela s’explique par le fait que les femmes sont majoritair­es dans des domaines où le stress règne quasi constammen­t : l’éducation et la santé.

« Les emplois dans ces domaines sont généraleme­nt étiquetés comme légers, mais ils ne le sont pas du tout. Ce sont des emplois fatigants aux niveaux émotionnel et mental. Mais tant et aussi longtemps qu’on ne le reconnaît pas, le problème de l’absentéism­e va perdurer », explique M. Soares.

COÛTEUX

La hausse de l’absentéism­e amène des coûts importants pour les employeurs, qui peuvent dédier jusqu’à 20 % de leur masse salariale uniquement en coûts directs et indirects liés aux absences imprévues, note Daniel Leduc, avocat en droit de l’emploi et du travail chez Norton Rose Fulbright.

Ainsi, les patrons auraient tout intérêt à investir davantage dans les activités et ressources de mieux-être pour leurs employés, suggère le Dr Sounan.

« La recherche indique clairement qu’on peut aller chercher un retour d’investisse­ment incroyable, jusqu’à 50 fois le montant dépensé. »

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DR CHARLES SOUNAN Chercheur

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