Fonds des générations : Bravo !
Le Fonds des générations, ça marche ! C’est la conclusion simplifiée de l’étude très intéressante du fiscaliste Luc Godbout et de sa Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques. Au moment où l’argent commence à s’accumuler dans ce Fonds, il n’est pas inutile de réaffirmer l’importance de ne pas céder à toutes les tentations.
Rappel des faits : en 2006, reconnaissant que le Québec est la province la plus endettée au Canada, le gouvernement crée le Fonds des générations. Pour que les générations futures ne soient pas écrasées par le fardeau de la dette, le Fonds des générations devait recevoir des redevances, par exemple des mines et des barrages. En s’accumulant, ces sommes feraient un contrepoids à la dette et pourraient être un jour versées en remboursement de celle-ci.
Le gouvernement avait aussi fixé des cibles précises dans la loi instituant le Fonds, des cibles de réduction du poids de la dette dans notre économie en 2026. L’étude des experts est formelle : dans la plupart des scénarios réalistes, le gouvernement pourra atteindre ses cibles. Les sceptiques sont confondus.
ENCORE DANS LE TROU
Attention, la situation n’est pas encore rose. Nous sommes à mi-chemin de ce plan qui va de 2006 à 2026 et à ce point-ci le Québec conserve son titre de province la plus endettée au Canada. Combiné avec l’assainissement des finances publiques sous le gouvernement Couillard, le rattrapage dû au Fonds des générations a amélioré notre situation. Mais nous partions de loin.
Nous récoltons déjà des résultats tangibles comme l’amélioration de la cote de crédit du Québec. Nous payons moins d’intérêt sur nos emprunts. Des finances publiques saines constituent aussi une assise solide pour une économie en santé.
À cette étape-ci, les tentations de modifier la trajectoire sont nombreuses. Imaginez : un gros compte de banque avec des milliards $ qui dort au gouvernement. Lorsqu’on connaît la propension naturelle des gouvernements à dépenser, il faut anticiper que la tentation d’aller y piger va se manifester.
Déjà, François Legault avait ouvert la porte l’an dernier à une ponction afin de redonner de l’argent aux contribuables et relancer l’économie. Les gens de gauche de leur côté considèrent que ce Fonds des générations relève d’une obsession de la dette et qu’on devrait plutôt « investir pour répondre aux besoins de la population ».
ENGAGEMENTS S.V.P.
Sur la base des conclusions claires et convaincantes de l’étude de la Chaire, le moment serait bon en année électorale pour que chacun des partis s’engage formellement à respecter le plan prévu. Pour une fois qu’un plan financier est respecté au Québec, peut-on s’y tenir de façon disciplinée et s’engager à le faire au-delà des lignes partisanes ?
En passant, les scénarios des experts ont aussi envisagé celui où une récession frapperait avant 2026. Une hypothèse quand même probable dans une économie cyclique. Dans ce cas, l’atteinte des cibles deviendrait vite en péril même en étant disciplinée. Juste un rappel utile pour ceux qui seraient tentés de siffler le début d’une orgie de dépenses.