Washington a pensé livrer un opposant turc
Un ancien conseiller de Donald Trump avait envisagé d’extrader Fethullah Gülen pour 15 millions de dollars
WASHINGTON | (AFP) L’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Michael Flynn, est soupçonné d’avoir envisagé de livrer à la Turquie l’opposant au régime Fethullah Gülen en échange de plusieurs millions de dollars, ont indiqué hier des médias américains.
Selon la télévision NBC et le quotidien Wall Street Journal (WSJ), le procureur spécial Robert Mueller s’intéresse à une réunion entre M. Flynn, son fils Michael Flynn Jr et des hauts responsables du gouvernement turc tenue entre la victoire de Donald Trump à la présidentielle et son entrée en fonctions le 20 janvier suivant.
PLUSIEURS SOURCES
Les deux médias citent plusieurs sources proches de la vaste enquête menée par M. Mueller sur notamment une éventuelle collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie pour influencer le scrutin présidentiel.
L’enquête du procureur spécial, qui dispose d’une large indépendance et de pouvoirs renforcés, se concentre sur les contacts entre Michael Flynn et des intermédiaires russes pendant la campagne, notamment l’ambassadeur de Russie à l’époque à Washington, Sergueï Kisliak, mais elle s’intéresse aussi à ses activités non déclarées de lobbyiste, notamment pour la Turquie.
15 MILLIONS POUR GÜLEN
Selon NBC, la rencontre aurait eu lieu en décembre 2016 dans un club huppé de New York. Les Turcs auraient offert à M. Flynn « 15 millions de dollars au maximum pour livrer Fethullah Gülen au gouvernement turc » en utilisant un avion privé pour le transporter jusqu’à l’île-prison d’Imrali, dans la mer de Marmara.
Fethullah Gülen, un prédicateur installé en Pennsylvanie, est accusé par le président turc Recep Tayyip Erdogan d’avoir orchestré un putsch manqué en juillet 2016. Les appels répétés d’Ankara pour son extradition sont restés à ce jour sans réponse.
Il aurait aussi été question d’aider à la libération de l’homme d’affaires turco-iranien Reza Zarrab, inculpé avec neuf autres personnes aux États-Unis pour avoir enfreint l’embargo financier contre l’Iran.
Le WSJ dit ignorer si les responsables turcs ont donné suite, précisant qu’il n’existait aucune trace de paiement.