Le Journal de Montreal

La guerre puis la peur de quitter sa maison

La guerre transforme des militaires courageux en civils isolés de la population

- CHRISTOPHE­R NARDI

Après sept tournées à l’étranger et 30 ans de carrière militaire, l’ancien mécanicien Guy Martel ne sort presque plus de chez lui, de peur d’être saisi par une crise de stress post-traumatiqu­e en public.

« Ma maison est un des seuls endroits où je me sens en sécurité, indique, la voix douce, Guy Martel, 52 ans. Je me reconnais entre mes quatre murs et je n’ai pas peur qu’on me dérange où que je ne me sente pas à ma place comme à l’extérieur, dans la communauté civile. Mais c’est une vie très solitaire. J’ai tout ce qu’il me faut, sauf de la compagnie ».

Le résident de Lac-St-Charles, près de Québec, est un vétéran depuis deux ans des Forces armées, qu’il a rejointes en 1985. Sa carrière l’a conduit aux quatre coins du monde, incluant trois tournées en Afghanista­n et deux en Yougoslavi­e.

VIE MÉTAMORPHO­SÉE

« J’ai vu des amis mourir, j’ai vu de la violence, j’ai vécu des explosions », évoque-t-il.

Sa vie a changé de façon radicale en 2014. Il reçoit d’abord un diagnostic de sclérose en plaques. Peu de temps après, un autre diagnostic a l’effet d’une bombe : il est atteint d’un trouble de stress post-traumatiqu­e, en plus d’un trouble de déficit de l’attention avec hyperactiv­ité.

« À mon retour d’Afghanista­n en 2011, les gens me disaient que je n’étais clairement pas normal. Mais pour ma génération de militaires, c’est mal vu [de demander de l’aide]. Ça a pris des années et même la fin de mon couple avant que j’accepte finalement de chercher de l’aide », confie Guy Martel.

FLASH-BACK

Il vit seul et sort très peu, de peur de faire une crise en public. Durant ces épisodes, des flash-back le transporte­nt dans des scènes de guerre qu’il a vécues. Il devient paranoïaqu­e, très anxieux et s’enrage facilement.

« Il y a des matins, je me lève encore en me demandant : qu’est-ce que je fais aujourd’hui », laisse tomber Guy Martel.

 ?? PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC ?? L’ex-militaire Guy Martel doit consommer un cocktail de pilules tous les jours en raison d’un diagnostic de sclérose en plaques et d’un trouble de stress post-traumatiqu­e qui le poussent à s’isoler chez lui à Québec.
PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC L’ex-militaire Guy Martel doit consommer un cocktail de pilules tous les jours en raison d’un diagnostic de sclérose en plaques et d’un trouble de stress post-traumatiqu­e qui le poussent à s’isoler chez lui à Québec.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada