La guerre puis la peur de quitter sa maison
La guerre transforme des militaires courageux en civils isolés de la population
Après sept tournées à l’étranger et 30 ans de carrière militaire, l’ancien mécanicien Guy Martel ne sort presque plus de chez lui, de peur d’être saisi par une crise de stress post-traumatique en public.
« Ma maison est un des seuls endroits où je me sens en sécurité, indique, la voix douce, Guy Martel, 52 ans. Je me reconnais entre mes quatre murs et je n’ai pas peur qu’on me dérange où que je ne me sente pas à ma place comme à l’extérieur, dans la communauté civile. Mais c’est une vie très solitaire. J’ai tout ce qu’il me faut, sauf de la compagnie ».
Le résident de Lac-St-Charles, près de Québec, est un vétéran depuis deux ans des Forces armées, qu’il a rejointes en 1985. Sa carrière l’a conduit aux quatre coins du monde, incluant trois tournées en Afghanistan et deux en Yougoslavie.
VIE MÉTAMORPHOSÉE
« J’ai vu des amis mourir, j’ai vu de la violence, j’ai vécu des explosions », évoque-t-il.
Sa vie a changé de façon radicale en 2014. Il reçoit d’abord un diagnostic de sclérose en plaques. Peu de temps après, un autre diagnostic a l’effet d’une bombe : il est atteint d’un trouble de stress post-traumatique, en plus d’un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité.
« À mon retour d’Afghanistan en 2011, les gens me disaient que je n’étais clairement pas normal. Mais pour ma génération de militaires, c’est mal vu [de demander de l’aide]. Ça a pris des années et même la fin de mon couple avant que j’accepte finalement de chercher de l’aide », confie Guy Martel.
FLASH-BACK
Il vit seul et sort très peu, de peur de faire une crise en public. Durant ces épisodes, des flash-back le transportent dans des scènes de guerre qu’il a vécues. Il devient paranoïaque, très anxieux et s’enrage facilement.
« Il y a des matins, je me lève encore en me demandant : qu’est-ce que je fais aujourd’hui », laisse tomber Guy Martel.