Le Journal de Montreal

Gatineau veut éviter de réveiller de vieux démons avec l’Ontario

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Le patron des policiers de Gatineau veut interdire la consommati­on du cannabis dans les lieux publics pour éviter d’attirer des hordes de jeunes consommate­urs ontariens.

« On va recommande­r à ce que ce soit interdit de consommer du cannabis sur la voie publique au même titre que la bière », affirme en entrevue téléphoniq­ue Mario Harel, qui est aussi le président de l’Associatio­n canadienne des chefs de police.

« On a vécu dans le passé des histoires tristes avec la différence d’âge et la différence des heures d’ouverture des bars avec l’Ontario », raconte-t-il.

Le Québec et son voisin ont adopté deux approches bien différente­s en vue d’encadrer la légalisati­on de la marijuana.

Dans la Belle Province, il sera possible d’en consommer dès 18 ans et dans les lieux publics, mais pas en Ontario, où l’âge a été fixé à 19 ans.

Cette réalité a des conséquenc­es très concrètes pour des villes frontalièr­es comme Gatineau, la quatrième en importance au Québec.

Surtout que l’histoire de cette ville a été marquée au fer rouge par la différence des règles avec sa voisine Ottawa en ce qui concerne l’alcool.

Les scènes de méfaits et de violence durant les années 1980 et 1990 étaient fréquentes.

C’est pourquoi, depuis 1997, l’heure de fermeture des bars est la même au centrevill­e de Gatineau qu’à Ottawa, soit 2 h.

RISQUES

En ce qui a trait au cannabis, M. Harel croit que les « risques » pour Gatineau sont bien réels si la Ville n’harmonise pas ses règles avec la capitale fédérale, située à un jet de pierre.

« On pourrait voir plus d’attroupeme­nts, de gens intoxiqués ou de désordres », craint-il.

Des inquiétude­s que partage le président d’un organisme regroupant les commerces et des entreprise­s du centre-ville.

« Il vaut mieux prévenir que guérir », souligne Stefan Psenak, de Vision centrevill­e. Il soutient toutefois que l’époque des grands débordemen­ts à Gatineau est bel et bien révolue.

Géographe à l’Université d’Ottawa, Marc Brosseau croit lui aussi qu’une différence de régime entre les deux villes est susceptibl­e de créer des « irritants », sans provoquer pour autant une recrudesce­nce du tapage nocturne.

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PHOTO D’ARCHIVES, BORIS PROULX L’Ontarienne Angel Ashurst, une militante procannabi­s, pourra fumer du pot dans des lieux publics au Québec, où l’âge légal pour en consommer sera de 18 ans.

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