Le Journal de Montreal

Il vend des sapins de Noël depuis 40 ans

Les yeux des enfants motivent l’homme à continuer

- MAGALIE LAPOINTE

AYER’S CLIFF | Un homme de 71 ans vend des sapins de Noël au marché Jean-Talon depuis 40 ans. Il s’émerveille chaque fois qu’il voit un enfant serrer un arbre contre lui ou les membres d’une famille démunie repartir avec des étincelles dans les yeux.

Lionel Fillion vient d’une famille de bûcherons très pauvre de 20 enfants.

À 31 ans, il a décidé de couper des sapins et d’aller les vendre au marché Jean-Talon. À l’époque, il se levait à 6 h 30 et terminait ses journées à 21 h 30.

« Mon premier Noël en 1977, j’avais fait 1500 $. Je ne couvrais pas du tout mes dépenses. Mais j’ai eu la piqûre. Voir une femme embrasser son arbre ou un enfant sauter de joie, ça n’a pas de prix », a lancé M. Fillion.

La période de Noël est particuliè­rement marquante pour lui, car il connaît la réalité des enfants pauvres. Il a déjà dormi dans un poulailler dans sa jeunesse, car la maison familiale était trop petite pour héberger toute sa famille.

Il affirme être toujours très attentif aux regards et aux paroles des jeunes.

Pour lui, tout le monde devrait pouvoir fêter Noël avec un sapin. Les riches comme les pauvres.

M. Fillion cultive environ 25 000 sapins sur des terres louées à Ayer’s Cliff et Wotton, en Estrie. Il en coupe 2000 chaque année et en replante pour assurer son approvisio­nnement.

À LA MAIN

Tous les étés, il les taille à la main pour garantir leur beauté. Il connaît aussi sa clientèle et s’assure d’en avoir pour tous les goûts : du plus large au plus étroit et du plus petit au plus grand.

Pour que les 2000 sapins vendus soient bien verts, l’homme de 71 ans, avec l’aide de son fils et de ses petits-fils, retournera souvent en Estrie au cours des prochaines semaines pour couper de nouveaux sapins.

« Je suis incapable de vendre un sapin sec de mauvaise qualité. Imaginez la pauvre petite famille devant son sapin sans ses épines le 15 décembre parce qu’il a été taillé trop vite. Je ne veux pas voir ça », a-t-il ajouté.

Hier, la famille Fillion a déménagé dans une roulotte installée près du marché Jean-Talon pour le prochain mois et saluera sa clientèle 12 heures par jour, et ce, jusqu’au 24 décembre.

« Il y a même des gens qui cognent à notre roulotte la nuit. On se lève et on les sert. C’est peut-être le seul moment qu’ils sont disponible­s », a dit le propriétai­re de Sapins Fillion en souriant.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, MAGALIE LAPOINTE Lionel Fillion entouré de ses sapins qu’il doit tailler manuelleme­nt tous les ans.

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