Le Journal de Montreal

Un doux parfum d’arrogance

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

La légalisati­on de la marijuana est un beau cas d’arbre cachant la forêt.

Faites un test : demandez à une personne moyennemen­t politisée de vous nommer une seule réalisatio­n importante du gouverneme­nt Trudeau.

Je parie ce que vous voulez que la personne vous citera la légalisati­on du pot.

Pendant ce temps, combien de gens peuvent faire une liste des promesses brisées par Justin Trudeau ?

ARROGANCE

Changer le mode de scrutin ? Promesse brisée. Assujettir les cabinets ministérie­ls à la Loi sur l’accès à

l’informatio­n ? Promesse brisée. Réduire le fardeau fiscal sur les petites entreprise­s ? Promesse brisée.

Suspendre pendant un an la contributi­on patronale à l’assurance-emploi s’il y a embauche de jeunes de 18 à 24 ans ? Promesse brisée.

Investir immédiatem­ent 3 milliards $ sur 4 ans dans les soins à domicile et les soins palliatifs ? Promesse brisée.

Limiter à moins de 10 milliards $ le déficit pour les deux premières années du mandat ? Promesse brisée.

Et je n’ai pas de place pour toutes les autres promesses brisées.

Là où le gouverneme­nt Trudeau est fidèle à lui-même, fidèle en fait à la philosophi­e de Trudeau père, c’est dans son attitude face aux provinces. Revenons à la marijuana. Le problème n’est pas dans la décision elle-même de la légaliser.

Une fois qu’on a dit, avec raison, qu’il ne faut pas banaliser cette substance, sa légalisati­on reste la moins mauvaise voie à suivre.

Le problème est dans la manière de faire : Ottawa décide seul et les provinces doivent se plier, se préparer à toute vitesse et ramasser la facture, car il y en aura une.

Tout cela est tellement improvisé que Québec demande, avec raison, un sursis d’un an.

Dans un régime authentiqu­ement fédéral, le gouverneme­nt central serait entièremen­t souverain dans ses champs de compétence et aurait les ressources financière­s pour assumer ses responsabi­lités.

Les gouverneme­nts provinciau­x, eux aussi, seraient entièremen­t souverains dans leurs champs de compétence et auraient les ressources financière­s requises.

Quand les deux ordres de gouverneme­nt doivent collaborer, la coordinati­on devrait se faire sans subordinat­ion. En théorie, il n’y a donc pas un gouverneme­nt « supérieur » aux autres.

Rien de tel au Canada.

DOMINATION

Primo, Ottawa choisit la partition et le rythme, et les provinces doivent danser.

Secundo, les provinces sont responsabl­es de ce qui est, de loin, le plus coûteux, les soins de santé, mais quémandent des ressources à Ottawa, qui contrôle le robinet financier.

Quand Gaétan Barrette s’en est plaint, Ottawa l’envoya paître, lui répondant avec la même arrogance que M. Barrette montre envers nous.

Mais nos concitoyen­s ne voient rien de tout cela.

Votre adversaire atteint le sommet du raffinemen­t quand vous consentez à votre propre enfermemen­t en pensant que c’est pour votre bien.

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Ottawa choisit la partition et le rythme, et les provinces doivent danser.
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