Les appels au départ du président se multiplient
Huit des 10 sections régionales de la Zanu-PF réclament la tête de Mugabe
HARARE | Après les anciens combattants, l’opposition et la société civile, les sections régionales du parti au pouvoir au Zimbabwe ont, à une écrasante majorité, exigé hier la démission du président Robert Mugabe, déterminé à rester au pouvoir qu’il détient depuis 1980.
Huit des 10 sections régionales de la Zanu-PF au pouvoir ont exigé la démission de Mugabe, la plupart unanimement, selon leurs responsables qui sont apparus à la télévision d’État dans la soirée.
Cet appel à quitter le pouvoir accentue la pression sur Mugabe après celui des anciens combattants de la guerre d’indépendance, jusqu’alors proches du chef de l’État, mais qui n’acceptent pas que son épouse Grace Mugabe veuille s’imposer pour lui succéder. Ils ont appelé à un grand rassemblement aujourd’hui à Harare pour exiger son départ.
S’ACCROCHER AU POUVOIR
Mais le président s’accroche au pouvoir et des négociations étaient en cours à Harare pour le pousser vers la sortie dans des conditions acceptables pour lui.
En principe assigné à résidence à son domicile, le chef de l’État de 93 ans a fait hier sa première apparition publique depuis le coup de force des militaires, il y a deux jours. Revêtu d’une toge bleu roi et d’une coiffe assortie, il a présidé sous bonne escorte une cérémonie de remise de diplômes dans une université d’Harare, somnolant à l’écoute de plusieurs discours.
L’EX-VP RENTRE AU PAYS
L’armée est intervenue dans la nuit de mardi à mercredi en soutien au vice-président Emmerson Mnangagwa, limogé la semaine dernière par le chef de l’État à la suite d’une intense campagne de Grace Mugabe. Depuis plusieurs mois, elle briguait ouvertement la succession de son mari à la santé de plus en plus fragile.
M. Mnangagwa, lui aussi prétendant au trône du « camarade Bob » avec le soutien d’une partie de l’appareil sécuritaire du pays, constituait le principal obstacle à ses ambitions.
Ayant fui le pays après sa disgrâce, l’ancien vice-président est rentré jeudi au Zimbabwe, a confirmé un de ses proches. Son nom circule avec insistance pour diriger la transition qui pourrait s’ouvrir en cas de départ anticipé de M. Mugabe, dont le mandat en cours arrive à son terme l’an prochain.
Jeudi, le chef de l’État a toutefois catégoriquement rejeté ce scénario dans un premier entretien avec le chef d’état-major de l’armée, le général Constantino Chiwenga.
« Il a refusé de démissionner, je pense qu’il essaie de gagner du temps », a déclaré une source militaire.
ULTIMATUM
Dans un communiqué publié hier par les médias d’État, les généraux se sont bornés à indiquer que les négociations avec le président « sur la prochaine étape » se poursuivaient.
L’influent chef des anciens combattants de la guerre d’indépendance, Christopher Mutsvangwa, a lui lancé hier un ultimatum à Robert Mugabe.
« La partie est finie [...], il doit démissionner », a-t-il déclaré. Il a aussi appelé la population à se rassembler à Harare pour soutenir les militaires.
– Susan Njanji, Agence France-Presse