LES BILLS MISENT GROS SUR PETERMAN
Au coeur d’une lutte acharnée pour obtenir une place en séries, les Bills ont pris une décision audacieuse, voire périlleuse aux yeux de plusieurs, en confiant les clés de leur attaque au quart-arrière recrue Nathan Peterman. Et si ce geste inhabituel devenait finalement le catalyseur du retour tant attendu en matchs éliminatoires…
Comment une équipe montrant un dossier de 5-4 et qui obtiendrait un billet pour les séries si celles-ci débutaient aujourd’hui, peut-elle en arriver à un changement de cap aussi draconien ?
Qui dit changement dit que la première option ne procurait pas entière satisfaction. Même si l’entraîneur-chef Sean McDermott a joué un émouvant solo de violon en tentant de faire croire qu’il ne s’agissait pas d’un désaveu de son partant Tyrod Taylor, n’en croyez rien.
Taylor, malgré ses qualités athlétiques évidentes, ne s’est jamais affiché avec une assurance inébranlable comme un quart-arrière de franchise. Ses plus grandes qualités sont d’amener une menace constante de course et de limiter les bévues avec 17 interceptions en 38 départs.
Toutefois, dans 20 de ses 38 départs, Taylor n’a même pas accumulé 200 verges par les airs. À 25 reprises, l’attaque a dû se contenter d’une seule (ou même aucune) passe de touché de sa part. C’est sans compter que sa moyenne de verges par tentative de passe a régressé, passant de 8 verges, à 6,9 puis à 6,6 à chaque saison comme partant.
À sa défense, l’offensive a toujours reposé davantage sur le jeu au sol et il a dû se familiariser avec trois coordonnateurs offensifs différents.
Au final, les Bills recommençaient à tourner en rond et pour mettre fin à une disette de 17 ans sans séries, un électrochoc s’imposait.
QUEL AVENIR POUR PETERMAN ?
Maintenant, est-ce que Petherman sera la solution à court terme et surtout, à long terme? Les Bills sont vite tombés sous le charme de leur choix de cinquième ronde au camp d’entraînement et doivent voir ce qu’il a dans le ventre avant de se décider à se lancer ou non dans la cuvée 2018 des quarts-arrières, au repêchage d’avril.
Durant sa carrière universitaire à Pittsburgh, Peterman a connu son moment fort en surprenant les puissants Tigers de Clemson grâce à cinq passes de touché. Il est reconnu pour faire preuve de précision, notamment sur les longues passes, un aspect de l’attaque qui fait cruellement défaut à Buffalo.
Les exemples de quarts sélectionnés aussi tardivement au repêchage et qui connaissent des carrières prolifiques sont plutôt rares, mais les Bills ont pris le pari que Peterman cadrera mieux que Taylor dans leur système, plutôt que de remodeler leur système aux habiletés de Taylor.
Au final, les Bills ont pris la décision qu’une fiche de 5-4 après neuf matchs, ce n’était pas suffisant. Il faut y voir la volonté forte du nouvel organigramme de passer de la parole aux actes, là où plusieurs prédécesseurs se contentaient béatement de vagues signes d’amélioration. Cette décision s’imposait même plus tôt.
Que ça passe ou que ça casse, même si le risque est énorme, les Bills ont le mérite de fuir la complaisance.