La crucifixion de Gilbert Sicotte
Je ne connais pas personnellement Gilbert Sicotte, mais je sais reconnaître une crucifixion quand j’en vois une. Accusé de harcèlement psychologique par certains de ses anciens élèves, l’acteur réputé est suspendu de son poste de professeur au Conservatoire d’art dramatique de Montréal (CADM).
Dans un reportage surréaliste diffusé à Radio-Canada, il s’est même fait demander par le journaliste s’il avait déjà « sacré » en classe. L’air défait d’un homme sachant qu’un camion venait de lui passer sur le corps, M. Sicotte était traité comme un méchant garnement convoqué au bureau du directeur d’école. Une honte.
FESTIVAL DE BOUE
Au sommet d’une longue et riche carrière, Gilbert Sicotte ne mérite sûrement pas de la terminer dans un festival de boue. S’il a engueulé ou insulté des élèves, pourquoi le CADM n’a jamais vu à en discuter avec le principal intéressé pour corriger la situation ?
S’il fallait punir toutes les personnes ayant déjà crié ou rendu la vie dure à des collègues, on viderait d’un trait tous les milieux de travail, et ce, jusque dans les parlements.
Et c’est là que le bât blesse. Crier ou dénigrer n’est pas un mode de communication acceptable. Point. Peut-être commence-t-on enfin à le comprendre ? Si oui, inutile de sacrifier Gilbert Sicotte, un parmi tant d’autres, pour le démontrer.
DINOSAURES
Ce reportage offre aussi un prétexte en or à tous les dinosaures qui, face à la formidable vague de dénonciations d’agressions et de harcèlement sexuel, n’y voient qu’un sombre complot de « féministes radicales » imaginaires.
Voyant Gilbert Sicotte pointé pour autre chose, les dinosaures crient en choeur : on vous l’avait bien dit, ça dérape ! Eh bien, non, Messieurs les dinosaures. Les dénonciations d’agressions et de harcèlement sexuel doivent continuer et continueront.
Jusqu’à preuve du contraire, le reportage sur Gilbert Sicotte n’est que du mauvais journalisme pour lequel des excuses seraient urgemment les bienvenues.