LE LIVRE NOIR DES HELLS ANGELS EN 10 EXTRAITS
Je regarde le monde qui se lèvent à 7 heures le matin, qui restent pognés dans le trafic pour 10 piastres de l’heure, pis qui reviennent le soir… C’est eux autres les fous… »
– Sébastien Beauchamp, membre des Rockers, lors d’une conversation avec un autre membre de cet ancien club-école des Hells qui fut enregistrée par la police, le 23 décembre 1999. √ Selon un document préparé par le sergent-enquêteur de la Sûreté du Québec Alain Belleau et déposé devant la commission Charbonneau en septembre 2013, sur les 118 membres de l’organisation Hells Angels, 97 % ont des dossiers criminels, dont 87 % relatifs aux stupéfiants. √ Lors de l’opération Printemps 2001, les policiers saisissent 5 674 620 $, principalement dans des appartements qui servaient de cache d’argent aux Nomads. Les motards doivent faire preuve d’imagination pour dissimuler l’argent obtenu de façon illégale. Près d’un million de dollars étaient apportés au 7415, rue Beaubien Est, à Anjou, chaque semaine. √ D’après leur comptabilité informatisée [saisie dans l’opération printemps 2001], sur une période de 18 mois […] les Nomads ont vendu 2188 kilos de cocaïne d’une valeur totale de 111 503 361 $. √ Lors d’une perquisition visant le Hells François Vachon durant l’opération Sharqc, les policiers ont découvert une chaudière blanche, enterrée près du 122, rue du Griffon, à Sherbrooke. L’argent avait été enveloppé dans des sacs de plastique avant d’être mis dans un sac à ordures vert, enfoui dans la chaudière. Cette dernière se trouvait sous huit pouces de sable, près du solage de la maison. Au total, on a compté 102 640 $ […]. En raison de la pression policière qui s’est accrue, « ceux qui vont vouloir faire le club vont devoir se forcer et avoir des business légales », avançait un Hells au milieu des années 2000. Et, en effet à cette époque, la police avait établi que pas moins de 1000 compagnies dûment enregistrées au Québec étaient liées aux Hells Angels. Le but de ces compagnies n’était pas tant de faire des profits que de blanchir l’argent provenant de la vente de drogues ou d’autres activités illégales. En mai 2002, le juge Dumais a cité [le Hells Angel Claude] Berger à procès au terme de son enquête préliminaire dans une affaire de voies de fait et d’extorsion à Québec. Une semaine plus tard, le magistrat et le motard se sont croisés dans un magasin Réno-Dépôt. Berger lui a alors lancé : « Mon ostie, m’as t’avoir ! » [√ Le défunt Hells Scott] Steinert revenait de son voyage de noces lorsqu’il a été convoqué par les motards à un « faux meeting » au bunker de Sorel […], a relaté le délateur Sylvain Boulanger. « Ils ont tué Scott à coups de marteau. Ils lui ont défoncé le crâne. Après ça, ils l’ont crissé dans le fleuve. » En revenant, Godasse reçoit les félicitations de Mom Boucher : « C’est beau, mon Godasse, c’est pas grave si elle avait des totons », lance-t-il en parlant de Diane Lavigne. Puis il ajoute : « Quand on n’aura pu de screws à faire, on visera des juges et des procureurs de la Couronne. »
Les Hells Angels, c’est une business. Tout ce qui rapporte, les Hells Angels sont là. […] Fait qu’on tue la concurrence pis les autres vont comprendre qu’ils sont mieux de faire affaire avec toi. – Sylvain Boulanger, ex-Hells Angel devenu délateur