Un monde propre, propre, propre
En France, la ministre de la Santé jongle avec l’idée d’interdire la cigarette dans les films.
Selon elle, le septième art ne devrait pas encourager les mauvaises habitudes.
Elle a bien raison : depuis que j’ai vu Le Silence des agneaux et Hannibal, j’ai une envie folle de manger mon prochain.
Un autre film de cannibalisme et hop ! je prends mon plus long couteau et sonne chez mon voisin…
LE GRAND NETTOYAGE
Le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions, dit le proverbe. Tu l’as dit, l’ami. Plus moyen d’ouvrir la télé, la radio ou un journal sans tomber sur un curé qui veut notre bien.
Interdire les boissons gazeuses dans les arénas, interdire les restaurants de fast-food près des écoles, interdire les chips dans les CHSLD, interdire les personnages de bandes dessinées sur les boîtes de céréales, interdire certains discours dans les universités, interdire la cigarette dans les pièces de théâtre…
On veut même interdire certains mots sous prétexte qu’ils façonnent insidieusement notre façon de penser !
On va vivre dans un monde propre, propre, propre.
Astiqué, nettoyé, aseptisé, immaculé. Pur.
Et une fois que les curés auront bien décrassé nos poumons et notre estomac, ils sortiront leurs brosses à récurer pour nettoyer notre cerveau.
À bas, les mauvaises pensées ! Faut que ça luise, que ça brille, que ça étincelle !
Tous les dictateurs, qu’ils aient été d’extrême droite ou d’extrême gauche, ont caressé le même rêve : transformer l’être humain en profondeur, accoucher de l’homme nouveau, un individu meilleur, plus gentil, plus altruiste…
« L’homme de demain sera beaucoup plus fort, beaucoup plus perspicace, beaucoup plus fin, écrivait Trotski en 1929. Son corps sera plus harmonieux, ses mouvements plus rythmiques, sa voix plus musicale. La moyenne humaine s’élèvera au niveau d’Aristote, de Goethe, de Marx. Et au-dessus de cette crête de montagnes s’élèveront de nouveaux sommets. »
Cent ans après la révolution soviétique et 59 ans après le Grand Bond en avant de Mao, c’est au tour des adeptes de la rectitude politique d’essayer de nous faire muter.
PRÉPARER L’HOMME DE DEMAIN
Cette nouvelle croisade se déroule en trois étapes.
Première étape : prendre les universités d’assaut et remplacer les débats par des prêches, histoire d’embrigader de nouveaux soldats.
Deuxième étape : dépeindre tout ce qui est occidental de façon négative, et tout ce qui est oriental de façon positive.
Et troisième étape : gommer les différences sexuelles jusqu’à ce que la notion même de « sexe » devienne obsolète.
C’est exactement ce qui est en train de se passer.
On diabolise tout ce qui n’est pas progressiste, on impose une vision de l’histoire qui dépeint l’Occident comme éternel bourreau et l’Orient comme éternelle victime, et on présente la femme comme étant l’avenir de l’homme et les transgenres non binaires comme étant à l’avant-garde de la révolution sexuelle…
Née dans les universités californiennes il y a une vingtaine d’années, cette révolution culturelle qui vise rien de moins qu’à transformer fondamentalement notre vision du monde se déploie maintenant un peu partout en Occident : sur les campus, dans les médias…
Les vieilles révolutions coupaient les têtes. Celle-ci veut changer les cerveaux.
C’est beaucoup moins sanglant, certes.
Mais tout aussi drastique.
Avant, on coupait les têtes. Maintenant, on change les cerveaux.