Un « faux débat » ridicule, disent certains distilleurs
Plusieurs distilleurs qui utilisent l’alcool neutre de l’Ontario dans leurs produits estiment que le débat entourant l’appellation « Origine Québec » est inutile et ridicule.
« C’est comme si on disait que le fromage de chèvre produit à Charlevoix n’est pas québécois parce que la chèvre est née aux États-Unis! » illustre Nicolas Duvernois, pdg de PUR Vodka.
« C’est un faux débat, parce qu’il doit y avoir deux ou trois producteurs au Québec qui font de la culture du grain et qui l’utilisent pour la distillation, ajoute-t-il. C’est une minorité qui fait ça pour une soi-disant pureté, alors qu’en réalité, ça ne change rien. »
DES « FRUSTRÉS »
M. Duvernois considère que la bataille qu’ont menée certains distilleurs pour faire modifier les critères de l’appellation « Origine Québec » est une perte de temps.
« Tout ça, c’est pour quelques producteurs qui sont frustrés parce qu’ils ne vendent pas, lance-t-il. Moi, j’étais le premier à faire une vodka au Québec, et je n’aurais jamais réussi si j’avais perdu mon temps comme ça. »
François Pouliot, propriétaire du Domaine Neige, explique que l’alcool neutre utilisé par la plupart des producteurs de spiritueux n’a pas de goût ni de caractère, par définition.
« Donc, même s’il est acheté en Ontario, ça n’a aucun impact sur le produit final, soutient-il. C’est une matière première, et c’est ce que tu fais avec qui fait ton produit, selon moi. Ça reste des produits québécois même si la matière première n’est pas d’ici. »
ET LA BIÈRE ?
Stéphan Ruffo, président de l’Association des microdistilleries du Québec (AMDQ), souligne que si les spiritueux contenant de l’alcool ontarien ne sont plus considérés comme québécois, aucune bière produite au Québec ne pourra plus l’être.
« Les bières québécoises sont généralement faites à partir d’un grain qui ne vient pas du Québec, indique-t-il. Alors est-ce qu’on arrête de considérer ces bières-là comme québécoises ? »
De son côté, le copropriétaire de la Distillerie du Fjord, Jean-Philippe Bouchard, dit comprendre que les distilleurs qui fabriquent des produits 100 % québécois souhaitent se distinguer des autres sur les tablettes.
« On comprend qu’ils veulent faire reconnaître ça, mais en même temps, il ne faut pas oublier que notre industrie est très compétitive, et que c’est pour une question purement économique qu’on utilise l’alcool neutre de l’Ontario, rappelle-t-il. Si on est une petite entreprise et qu’on veut être viable, on n’a pas trop le choix. »