Il encaissait 52 000 $ par mois
Le cardinal, un proche conseiller du pape, aurait placé cet argent en partie dans des fonds à Londres
ROME | (AFP) Le cardinal hondurien Oscar Maradiaga, l’un des plus proches conseillers du pape François, a touché pendant des années environ 35 000 euros (52 804 $) par mois d’une université catholique de son pays, affirme l’hebdomadaire italien L’Espresso, sur son site internet.
Dans une très courte réaction hier, le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, « confirme qu’il y a eu une enquête voulue en personne par le Saint-Père ». Il n’a apporté par ailleurs aucun démenti sur les détails de l’article de l’hebdomadaire.
L’Espresso précise qu’un envoyé du pape, un évêque argentin, s’est rendu dans le pays en mai dernier pour écrire un rapport, sur la base d’une cinquantaine de témoignages (personnel de l’université, religieux, chauffeur et secrétaire du cardinal).
DÉJÀ PRESSENTI COMME PAPE
Le cardinal Maradiaga, qui aura 75 ans fin décembre, est à la tête du « C9 », le conseil de cardinaux qui aide le pape à réformer le Vatican. Il a aussi été pressenti dans le passé pour devenir pape.
« Le puissant cardinal Oscar Maradiaga, fervent partisan d’une Église pauvre (...), a reçu pendant des années environ 35 000 euros par mois », écrit le journaliste d’enquête de L’Espresso, Emiliano Fittipaldi, un connaisseur du Vatican.
Selon lui, le cardinal aurait reçu pour la seule année 2015 environ 500 000 euros (754 323 $) et le haut prélat touchait cette somme depuis une dizaine d’années en tant que « grand chancelier » de l’université catholique de Tegucigalpa.
Une partie de cet argent aurait été investi dans des fonds à Londres (comme Leman Wealth Management) et des sommes transférées sur des comptes allemands auraient disparu.
L’Espresso met en cause également Juan José Pineda, évêque auxiliaire de Tegucigalpa et bras droit de Mgr Maradiaga, pour des dépenses mystérieuses qui pourraient avoir été effectuées avec l’argent de l’Église locale, notamment des somptueux cadeaux faits à un proche ami.
« PAS UN ACTE DE CORRUPTION »
Un membre de l’archidiocèse de Tegucigalpa, le père Carlos Rubio, a pour sa part répondu en partie aux accusations dans un entretien à l’agence catholique Aci, en précisant que l’université catholique appuyait financièrement « tous les évêques, et non pas seulement le cardinal, pour aider les diocèses » dans un pays frappé par « la pauvreté ».
« Recevoir cet argent n’est pas un acte de corruption, parce qu’il ne s’agit pas d’argent de l’État, mais d’argent d’une institution qui dépend de l’Église », a-t-il insisté, sans toutefois apporter de précisions sur les sommes en jeu.
Les révélations du journal italien interviennent au moment où le pape François a fustigé jeudi, sans les nommer, les « traîtres de la confiance » qui freinent sa réforme des institutions. « Ils se laissent corrompre par l’ambition et une gloire vaine », a déploré le pape lors des voeux de Noël à la Curie.