La Banque Laurentienne forcée de se défendre
L’institution financière nie vouloir forcer la désyndicalisation de ses employés
La Banque Laurentienne dit n’avoir jamais poussé ses employés à quitter leur syndicat et que c’est plutôt une poignée de travailleurs qui font progresser la démarche au Conseil canadien des relations industrielles.
« En aucun cas la Banque Laurentienne ne s’est immiscée dans un processus de désyndicalisation. Ça a été initié par un groupe d’employés », répète en cours d’entretien Hélène Soulard, vice-présidente adjointe aux communications de l’institution québécoise valorisée à 2,2 milliards $. Des employés affirment pourtant l’inverse au Journal.
La semaine dernière, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a dit à la Banque Laurentienne avoir le « niveau d’appui requis » pour faire avancer la révocation de l’accréditation syndicale présentée par un de leur employé, le 16 novembre dernier, une première étape qui pourrait mener à une désyndicalisation de 1500 employés au Québec et à Ottawa.
Jointe par Le Journal, Kateri Lefebvre, directrice exécutive du Syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB, affilié à la FTQ), a dit que son syndicat allait contester la demande de révocation en Cour fédérale.
La haute dirigeante de la Banque Laurentienne insiste : la décision d’être représentés par un syndicat ou non relève exclusivement des employés, pas de la direction. Son institution ne s’en mêle pas et ne souhaite pas le faire.
MALAISE SYNDICAL
Jeudi dernier, le Syndicat des employés professionnels et de bureau affilié à la FTQ a dit à ses 1500 syndiqués qu’il y aurait un vote, mais que les résultats resteraient sous clé le temps que le CCRI se penche sur une plainte d’ingérence à l’égard de leur employeur.
Plusieurs employés d’une succursale de Montréal ont exprimé leur malaise au Journal, hier. Ils ont l’impression que certains dirigeants de la Banque Laurentienne poussent pour que leurs employés abandonnent leur syndicat.
Un agent de service à la clientèle, préférant garder l’anonymat de crainte de perdre son emploi, a confié que plusieurs cadres ont fait des pressions sur leurs employés en ce sens. Selon lui, tous les travailleurs auraient aussi reçu une lettre à la maison pour les encourager à ne plus faire partie d’un syndicat.
Pour lui, la disparition du syndicat rimerait avec la fin de la sécurité d’emploi. « Ça pourrait définitivement être menacé. On pourrait nous remplacer par des jeunes moins payés… du cheap labor », craint-il.
Même son de cloche pour une conseillère financière syndiquée refusant également d’être identifiée. « C’est sûr que lorsque tu as la sécurité d’emploi, tu as peur de la perdre », conclut-elle.