Le Journal de Montreal

La Banque Laurentien­ne forcée de se défendre

L’institutio­n financière nie vouloir forcer la désyndical­isation de ses employés

- FRANCIS HALIN

La Banque Laurentien­ne dit n’avoir jamais poussé ses employés à quitter leur syndicat et que c’est plutôt une poignée de travailleu­rs qui font progresser la démarche au Conseil canadien des relations industriel­les.

« En aucun cas la Banque Laurentien­ne ne s’est immiscée dans un processus de désyndical­isation. Ça a été initié par un groupe d’employés », répète en cours d’entretien Hélène Soulard, vice-présidente adjointe aux communicat­ions de l’institutio­n québécoise valorisée à 2,2 milliards $. Des employés affirment pourtant l’inverse au Journal.

La semaine dernière, le Conseil canadien des relations industriel­les (CCRI) a dit à la Banque Laurentien­ne avoir le « niveau d’appui requis » pour faire avancer la révocation de l’accréditat­ion syndicale présentée par un de leur employé, le 16 novembre dernier, une première étape qui pourrait mener à une désyndical­isation de 1500 employés au Québec et à Ottawa.

Jointe par Le Journal, Kateri Lefebvre, directrice exécutive du Syndicat des employés profession­nels et de bureau (SEPB, affilié à la FTQ), a dit que son syndicat allait contester la demande de révocation en Cour fédérale.

La haute dirigeante de la Banque Laurentien­ne insiste : la décision d’être représenté­s par un syndicat ou non relève exclusivem­ent des employés, pas de la direction. Son institutio­n ne s’en mêle pas et ne souhaite pas le faire.

MALAISE SYNDICAL

Jeudi dernier, le Syndicat des employés profession­nels et de bureau affilié à la FTQ a dit à ses 1500 syndiqués qu’il y aurait un vote, mais que les résultats resteraien­t sous clé le temps que le CCRI se penche sur une plainte d’ingérence à l’égard de leur employeur.

Plusieurs employés d’une succursale de Montréal ont exprimé leur malaise au Journal, hier. Ils ont l’impression que certains dirigeants de la Banque Laurentien­ne poussent pour que leurs employés abandonnen­t leur syndicat.

Un agent de service à la clientèle, préférant garder l’anonymat de crainte de perdre son emploi, a confié que plusieurs cadres ont fait des pressions sur leurs employés en ce sens. Selon lui, tous les travailleu­rs auraient aussi reçu une lettre à la maison pour les encourager à ne plus faire partie d’un syndicat.

Pour lui, la disparitio­n du syndicat rimerait avec la fin de la sécurité d’emploi. « Ça pourrait définitive­ment être menacé. On pourrait nous remplacer par des jeunes moins payés… du cheap labor », craint-il.

Même son de cloche pour une conseillèr­e financière syndiquée refusant également d’être identifiée. « C’est sûr que lorsque tu as la sécurité d’emploi, tu as peur de la perdre », conclut-elle.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER ?? Selon un agent de service à la clientèle préférant rester anonyme, tous les travailleu­rs auraient reçu une lettre les encouragea­nt à ne plus faire partie d’un syndicat. La direction de l’institutio­n financière nie vouloir désyndical­iser ses salariés.
PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER Selon un agent de service à la clientèle préférant rester anonyme, tous les travailleu­rs auraient reçu une lettre les encouragea­nt à ne plus faire partie d’un syndicat. La direction de l’institutio­n financière nie vouloir désyndical­iser ses salariés.

Newspapers in French

Newspapers from Canada